Le Garde des Sceaux a adressé au Procureur général d’enquêter
La traque judiciaire face aux violences qui ont secoué le Sénégal entre 2021 et 2023 est enclenchée. L’État veut identifier les auteurs des exactions ayant coûté la vie à au moins 80 citoyens, lors des manifestations d’ordre politique. Selon des informations exclusives de L’Observateur, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ousmane Diagne, a adressé au Procureur général une demande formelle d’ouverture d’enquête. Le courrier a suivi son cheminement hiérarchique jusqu’au bureau du procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar, Ibrahima Ndoye, chargé de diligenter l’enquête. Tortures, meurtres, assassinats… crimes contre l’humanité.
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L'enquête retardée par la loi d'amnistie
Selon les mêmes sources de L’Observateur, si le processus a été retardé par la loi d’amnistie, le véritable écueil résidait dans la difficulté à circonscrire les infractions encore susceptibles de poursuites. «La loi d’amnistie adoptée sous Macky Sall, ainsi que l’arrêt du Conseil constitutionnel intervenu à la suite de la loi interprétative portée par le député Amadou Bâ, n’ont en rien dissipé le flou juridique entourant cette question », confient des sources proches du dossier. «Finalement, précisent-elles, l’enquête devrait se concentrer sur les crimes de sang : meurtres, assassinats, actes de torture, voire crimes contre l’humanité.» Autant d’infractions que, toujours selon les mêmes sources, la loi d’amnistie votée sous l’ancien régime ne couvre pas, ouvrant ainsi la voie à une instruction à large spectre, susceptible de remonter jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat de l’époque.
Les victimes de tortures ainsi que les familles endeuillées entendues dans les prochains jours
Toujours selon les informations de L’Observateur, un travail préparatoire méticuleux aurait été mené, en amont, pour clarifier les zones d’ombre juridiques et baliser le terrain de l’enquête. Cette rigueur initiale aurait posé les fondations d’une traque implacable, où nul ne semble désormais à l’abri. D’ailleurs, les premières convocations seraient imminentes. Les victimes de tortures ainsi que les familles endeuillées devraient être entendues dans les prochains jours afin de relater les circonstances dans lesquelles ces crimes ont été commis.
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La justice, avec méthode, s’attellerait à remonter la chaîne des responsabilités, pour tenter d’inscrire enfin, dans les mots du droit, la vérité de cette séquence tragique de l’histoire politique du pays. Une exigence formulée, il y a peu, par le Premier ministre Ousmane Sonko, lors de sa déclaration au King Fahd Palace, juste après l’installation des membres du Conseil national de Pastef.