"J'ai mal"
La vie de Zeynabou Bilal a basculé, ce dimanche 24 août 2025, lorsque son compagnon, Prosper Kénon, s’est immolé par le feu, tuant leur garçon de deux ans et brûlant gravement leur fille. Zeynabou, d’origine malienne s’est confiée à L’Observateur pour lever le voile sur une partie de son drame. "Ma fille est toujours dans un état critique aux Urgences. Elle a été plongée dans le coma parce que son corps est dans état indicible. J’ai mal.
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"Prosper me faisait subir une violence verbale. Il m’insultait, me traitait de tous les noms"
Elle explique : "J’ai quitté la maison lorsque les problèmes se sont amplifiés. Mais avant de partir, j’avais saisi les services de l’Action éducative en milieu ouvert (Aemo). Les agents ont convoqué Prosper et il avait promis de mettre fin à son comportement violent. La semaine d’après, il recommençait, il avait créé un grand esclandre dans le quartier, il s’en était pris à moi dans une violente bagarre. La maison voisine nous avait alors offert l’hospitalité, les enfants et moi. Les parents sont intervenus et nous étions finalement retournés dans la maison conjugale. Un mois après cet épisode, Prosper me faisait subir une violence verbale. Il m’insultait, me traitait de tous les noms et m’interdisait de sortir. Aidée de l’Aemo, j’ai définitivement quitté sa maison le 9 mars dernier pour emménager avec les enfants dans une chambre au quartier de Tilène. Nous ne vivions plus avec lui depuis sept mois. Il récupérait les enfants les week-ends et les grandes vacances, selon les arrangements de l’Aemo. Lui ne voulait pas laisser les enfants avec moi, il voulait les emmener vivre chez son frère à Dakar."
"Il est venu à l'église pour insulter tout le monde"
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"Dimanche dernier, nous sommes allés à l’église de Tilène pour la prédication. Aïcha ne se sentait pas bien, je l’ai laissée à la maison pour qu’elle se repose. J’ai voulu aussi partir sans Junior, mais il a commencé à pleurer et je me suis résolue à l’emmener. Prosper a choisi ce moment pour faire son apparition dans l’église où il a insulté tout le monde. Il était en état d’ébriété et a pris de force les enfants", déplore-t-elle. Avant d'ajouter : "Il me menaçait. J’ai voulu sortir de l’église, mais les fidèles m’ont demandé de rester à l’intérieur. C’est ainsi qu’il est parti avec Khady et Junior. Depuis lors, il était resté injoignable sur son téléphone. Nous avons alerté l’Aemo qui, à son tour, a tenté de le joindre, en vain. J’ai appelé son frère qui m’a dit qu’il n’habitait plus la maison qu’il avait louée."
"Ma fille criait : "Mon père a versé de l’essence sur moi"»
"Ce même dimanche à 18H, j’ai quitté l’église après mon travail pour rentrer chez moi, à Tilène. Alors que j’étais au lit avec Aïcha, mon autre fille, mon téléphone a sonné. C’était une amie et elle me disait de faire vite, parce que la maison avait pris feu avec les enfants à l’intérieur. J’ai tout de suite demandé où était Prosper, mais mon interlocuteur a raccroché sans répondre", révèle-t-elle. Elle raconte : "J’ai sauté de mon lit, j’ai filé directement à Kantène. Personne ne m’a laissée entrer dans la maison. Je ne sais vraiment pas comment tout ceci s’est passé. Ce qui est sûr, c’est que, quand je suis arrivée à l’hôpital, j’ai entendu ma fille Khady qui criait dans l’ambulance. Elle disait : «Mon père a versé de l’essence sur moi.» Elle continuait de crier. On m’a permis de voir mon garçon. Il avait tout le corps noir et calciné, il est mort à 22H."