Quand « qui se ressemble s’assemble » prend un sens médical
Jusqu’ici, ce phénomène avait été documenté surtout dans les pays nordiques. Mais l’étude dirigée par Chun Chieh Fan, chercheur en génétique au Laureate Institute for Brain Research (Oklahoma), s’est élargie à Taïwan, la Suède et le Danemark. Résultat : qu’il s’agisse de dépression, anxiété, schizophrénie, autisme, TOC, bipolarité, anorexie, TDAH ou addiction, les couples présentent une forte probabilité de partager le même diagnostic. « Le schéma est constant à travers les pays, les cultures et même les générations », souligne Fan. Même les évolutions des soins psychiatriques au cours des 50 dernières années n’ont pas modifié cette tendance.
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Vivre à deux avec le même trouble : cauchemar ou force cachée ?
Prenons l’exemple d’un homme souffrant de trouble anxieux généralisé. Selon cette étude, il est statistiquement plus susceptible d’épouser une partenaire également anxieuse que sans antécédent psychiatrique. Ce « miroir psychique » ne se limite pas aux symptômes : il peut renforcer la compréhension mutuelle, mais aussi alourdir la charge mentale quotidienne, compliquer la parentalité et majorer le risque de rechutes.
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Pourquoi choisit-on un partenaire qui souffre des mêmes troubles ?
Les chercheurs avancent trois explications possibles :Attirance par similarité – une compréhension mutuelle née de la souffrance partagée ; Convergence environnementale – un même contexte de vie favorise l’apparition de troubles similaires; Stigmatisation sociale – la difficulté à trouver un partenaire en dehors du cercle de personnes concernées. La généticienne psychiatrique Jan Fullerton (Université de Nouvelle-Galles du Sud, Australie) rappelle que ce choix de partenaire peut augmenter le risque de transmission des troubles aux enfants : « Avoir deux parents atteints double la probabilité que l’enfant développe la même pathologie ».
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Santé mentale : ce que cette découverte annonce pour l’avenir
Ces résultats pourraient modifier l’approche des psychiatres dans le suivi familial et la prévention. Conseiller les couples sur les risques génétiques devient une piste envisageable. Toutefois, les auteurs appellent à la prudence : l’étude reste observationnelle et n’explique pas entièrement les mécanismes. Les futures recherches devront préciser l’impact des facteurs sociaux, biologiques et environnementaux sur cette « contagion silencieuse » de la santé mentale. Selon l’étude, la corrélation est particulièrement marquée pour les addictions et les troubles anxieux, dont la prévalence augmente avec chaque génération.
SOURCE : PasseportSanté