Pourquoi l’insomnie est-elle plus qu’un simple trouble du sommeil ?
L’insomnie chronique est définie par des difficultés d’endormissement ou des réveils fréquents au moins trois nuits par semaine pendant plus de trois mois. Si les insomnies ponctuelles sont bénignes, leur caractère répété expose à des effets délétères durables. Selon le Pr Diego Carvalho, neurologue à la Mayo Clinic, « ces données renforcent l’importance de traiter l’insomnie chronique, non seulement pour améliorer la qualité du sommeil, mais aussi pour préserver la santé cérébrale avec l’âge ».
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Une étude sur plus de 2 700 adultes âgés
Les chercheurs de la Mayo Clinic ont suivi 2 750 participants âgés en moyenne de 70 ans pendant près de 6 ans. Tous étaient cognitivement sains au départ. Résultat : les insomniaques présentaient un déclin cognitif accéléré (-0,011 point par an sur les scores globaux) et un risque accru de 40 % de développer un trouble cognitif (HR 1,4 ; IC95 : 1,07–1,85).
Des marqueurs cérébraux alarmants
Au-delà des tests cognitifs, les chercheurs ont utilisé l’imagerie cérébrale (IRM et PET scan) pour évaluer la santé du cerveau. Ils ont constaté chez les patients insomniaques :une augmentation du volume des hyperintensités de la substance blanche (WMH), signe de lésions cérébrales liées au vieillissement ;une charge amyloïde plus élevée (plaques associées à la maladie d’Alzheimer).Fait marquant : les insomniaques dormant moins que d’habitude cumulaient de moins bons résultats cognitifs et plus de dépôts amyloïdes.
Exemple concret : quand les nuits courtes coûtent cher
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Prenons le cas d’Anne, 68 ans, retraitée active. Elle dort mal depuis plusieurs années, avec seulement 4 à 5 heures de sommeil par nuit. Malgré une bonne hygiène de vie, elle note des oublis fréquents et une plus grande difficulté à se concentrer. Ce profil correspond aux observations de l’étude, où les insomniaques chroniques présentaient plus rapidement des signes de vieillissement cérébral.
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Quelles implications pour la santé publique ?
Cette étude renforce l’idée que le sommeil n’est pas un simple confort, mais un facteur de prévention majeur contre le vieillissement cognitif et la démence. Elle pourrait conduire à intégrer le dépistage de l’insomnie chronique dans les bilans de santé des seniors. Cependant, les auteurs rappellent que le lien de causalité n’est pas encore prouvé. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si traiter efficacement l’insomnie permet de ralentir le déclin cognitif. Les chercheurs espèrent que des thérapies cognitivo-comportementales ou des traitements médicamenteux pourraient réduire ce risque, mais des essais cliniques restent nécessaires.
SOURCE : PasseportSanté