Lundi dernier, devant les Sénégalais, le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye a livré un diagnostic sans détour de la gestion passée, pointant des anomalies dans la gestion du patrimoine immobilier de l’État. Parmi elles, un fait retentissant : le siège du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), selon lui, aurait été acquis par l’État dès 2014 mais aurait continué à faire l’objet d’un paiement de loyer jusqu’en 2024. De quoi faire bondir les partisans de l’ancien régime.
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La contre-offensive de l’ancien pouvoir
Dès les premières heures suivant cette déclaration, plusieurs figures proches de l’ex-président Macky Sall sont montées au créneau. Dibcor Faye, responsable socialiste, conteste formellement la chronologie avancée par le président Diomaye , « Le HCCT n’a été institué qu’en 2016 à la suite du référendum. Ses membres n’ont été élus qu’à la fin de cette même année. L’immeuble évoqué ne pouvait donc logiquement pas avoir été acquis en 2014 pour une institution qui n’existait pas encore. » Une affirmation renforcée par Birame Faye, ancien Directeur général de l’Agence de Sécurité de Proximité (ASP), qui a précisé la nature du montage ayant permis à l’État de disposer du siège du HCCT. « Il s’agissait d’un contrat de type lease-back : le bâtiment a été construit et financé par des opérateurs privés, avant d’être progressivement racheté par l’État dans le cadre d’un contrat de location-vente adossé à un prêt bancaire. Ce mécanisme est courant dans les montages de l’ingénierie publique », a-t-il déclaré.
Une lecture technique… et politique
Ousmane-Tanor-Dieng (1)
Selon Birame Faye, ce dispositif a été utilisé pour contourner les lourdeurs budgétaires sans pour autant enfreindre la loi. « C’est une solution enseignée dans toutes les écoles de gestion publique. Il ne s’agit pas d’une irrégularité, encore moins d’un détournement », a-t-il insisté. Mais au-delà des aspects financiers, c’est la mémoire de l’ancien président du HCCT, feu Ousmane Tanor Dieng, qui est aussi au cœur de la polémique. Implicitement mis en cause dans cette affaire, plusieurs de ses proches sont montés au front pour laver son honneur. « Tanor n’a jamais profité personnellement de ce projet. Il était d’une rigueur morale exemplaire. Son engagement était de doter l’institution d’un siège digne de ce nom », a tenu à souligner Birame Faye.
Du côté du nouveau régime, on reste silencieux mais confiant. Pour les partisans de Diomaye Faye, ces révélations s’inscrivent dans une démarche de transparence visant à assainir la gestion des ressources publiques. Mais pour le camp de l’ancien pouvoir, il s’agit d’une tentative de disqualification politique à peine voilée, destinée à salir un héritage institutionnel.