C’est une histoire que même les plus durs ont du mal à entendre sans frémir. Dans la commune paisible de Ziguinchor, une dispute entre sœurs jumelles a viré à l’irréparable. Awa Bodian, 22 ans, a été inculpée de meurtre pour avoir tué sa sœur Adama, au cours d’une altercation aussi brutale qu’inattendue.
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Devant les enquêteurs, Awa a livré un témoignage poignant, mêlant aveux, regrets et incompréhension face à son propre geste : « Je reconnais les faits. Je n’ai jamais voulu la tuer », a-t-elle confié, la voix brisée, aux policiers du commissariat central de Ziguinchor. Tout serait parti d’un différend de 3 500 FCFA. Awa explique qu’elle devait cette somme à sa sœur, qui avait refusé un remboursement partiel de 2 000 FCFA. La tension monte, une première bagarre éclate. Le petit frère et des voisins interviennent pour séparer les jumelles. Mais la colère ne s’apaise pas. « En revenant de la pharmacie pour mes médicaments contre la drépanocytose, elle m’a de nouveau attaquée. Elle m’a tiré par les cheveux… », raconte Awa. Dans la mêlée, une paire de ciseaux que la jeune femme tenait pour se coiffer devient l’instrument du drame. Un coup, un saignement massif. Adama est grièvement blessée au thorax. Transportée d’urgence à l’hôpital, elle y succombe quelques heures plus tard.
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La nouvelle du drame a provoqué une onde de choc dans tout le pays. Comment en arrive-t-on à ôter la vie à celle avec qui on a partagé le ventre, l’enfance, les rêves ? Awa elle-même semble incapable de se l’expliquer . « Je ne me suis même pas rendu compte qu’elle était blessée pendant la bagarre… » Le dossier d’enquête, désormais clos, confirme la version donnée par plusieurs témoins, dont leur père et des voisins. Ils décrivent deux affrontements rapprochés, la seconde ayant été fatale. Awa Bodian a été placée en détention préventive pour meurtre. Le parquet a ouvert une information judiciaire. Du côté de la famille, c’est la consternation. Leur douleur est double . Ils ont perdu une fille, et l’autre est devenue la cause de ce deuil.
Ce qui s’est passé dans cette maison de Ziguinchor dépasse les simples faits judiciaires. Il interroge sur la gestion des conflits familiaux, les émotions refoulées, et la capacité de certaines blessures à dégénérer. Une vie a été prise, une autre détruite. Et le pays, lui, reste suspendu aux mots déchirants d’une jeune fille : "Je ne voulais pas la tuer."