Le drame prend racine dans le centre psychiatrique de Dinkoré, à Tambacounda. Ce jour-là, Thierno Shakir D., coiffeur de profession et suivi depuis plus de deux ans pour des troubles psychiatriques, s’y était rendu avec son père, Habibou D., pour un rendez-vous de suivi. Après la consultation, le père se dirige vers une pharmacie afin de récupérer les médicaments prescrits. À sa sortie, il constate avec effroi l’absence de son fils. La disparition est signalée, mais le jeune homme s’était déjà éloigné. Selon les premiers témoignages recueillis, le fugitif aurait tenté d’embarquer dans un autocar en partance pour Dakar. Mais son état mental, son absence d’argent et son comportement confus l’ont trahi. Le contrôleur du bus, soupçonneux, le fait descendre de force au village de Lycounda.
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Loin d’abandonner son errance, le jeune homme poursuit sa route à pied, dérivant sans but précis, jusqu’à atteindre le village de Sare Gayo, situé à trois kilomètres à l’ouest de Koussanar. C’est là qu’il croise le chemin d’Aissatou C., une habitante qui se reposait au bord de la route. Soudain, sans échange de paroles ni provocation apparente, le jeune homme l’agresse et la contraint à un acte sexuel violent. Surprise et terrorisée, la victime résiste de toutes ses forces, appelant à l’aide. Un adolescent, témoin de la scène, court immédiatement donner l’alerte. Alertés par ses cris, des villageois accourent et réussissent à arracher la femme des mains de son agresseur. Ils neutralisent le jeune homme, visiblement incontrôlable, et le maintiennent jusqu’à l’arrivée de la gendarmerie. Placée en garde à vue à la brigade territoriale de Koussanar, l’audition de Thierno Shakir D. plonge encore davantage les enquêteurs dans la stupeur.
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D’abord, il avoue avoir “voulu satisfaire sa curiosité de coucher avec une femme”. Mais rapidement, ses propos se teintent de délires mystiques , il affirme être “Adam” et dit avoir agi dans le cadre d’une “mission divine”. Déféré au parquet du tribunal de grande instance de Tambacounda, le sort judiciaire de Thierno Shakir D. reste en suspens. Si les faits de viol semblent établis par les témoignages et le constat médical, sa pathologie psychiatrique pose la question de sa responsabilité pénale et du suivi médical qu’il devrait recevoir. Quant à la victime, encore sous le choc, elle bénéficie d’une prise en charge médicale et psychologique.