De la chicha saisie par la Douane revendue dans les milieux huppés de Dakar

M. P. S. est un commerçant tunisien établi à Keur-Massar. Dans le cadre de son activité commerciale, un jour, il a reçu un appel d’un numéro portant l’indicatif de la France. Au bout du fil, l'interlocuteur qui s’est présenté sous le nom de Cheikh Traoré lui souffle à l’oreille qu’il ferait mieux de s’investir dans l’importation de chicha, un type de tabac très prisé dans les milieux huppés de Dakar. selon le récit de L'OBS, il le convainc de se rendre en Mauritanie pour s’approvisionner et l’assure de la collaboration de la Douane dans laquelle il a un contact du nom d’A. Cissé, en service au Port autonome de Dakar.

L'appel du faux colonel des douanes

A peine raccroche-t-il avec Cheikh Traoré que Mouhamed est joint par A. Cissé qui lui dit être douanier au Port. Il lui passe donc un autre interlocuteur du nom d’Oumar Gueye. Ce dernier se fait passer pour un colonel des douanes capable de diligenter avec indulgence toutes les opérations liées à l’importation de la chicha.  Confiant et pensant qu’il tient une bonne affaire, le commerçant tunisien n’hésite pas. Il saute dans un véhicule en partance pour la Mauritanie avec dans ses poches la somme de 36 millions de francs Cfa destinés à l’achat de la marchandise. Sur le chemin du retour, après s’être approvisionné sans accroc, Mouhamed tombe sur un os.

Les faux douaniers le dénoncent chez les les vrais douaniers

Ses interlocuteurs téléphoniques, après l’avoir convaincu de l’opportunité d’une belle affaire, le dénoncent à la Douane en poste à Ourossogui. En sus de la marchandise saisie, le commerçant est sommé de payer 7 millions de FCFA en guise d’amende. Le cœur gros, il s’exécute, paie et revient à Keur-Massar les mains vides. Mouhamed qui ne se doute pas de l’escroquerie dont il est victime, continue alors ses activités sans se plaindre. 

La chicha saisie par la Douane revendue à vil prix sur le marché

Alors qu’il tente de se refaire une santé financière, après la perte de 43 millions (36 millions en chicha et 7 millions d’amende), une information fait basculer ses certitudes. Le commerçant tunisien apprend que la chicha saisie, est écoulée dans les milieux huppés de Dakar. Il décide de mener ses investigations et découvre qu’en réalité, il a été roulé dans la farine par la bande des trois escrocs, qui sont loin d’être des douaniers. Mouhamed P. Sghair file alors ventre à terre pour déposer une plainte au parquet. L’affaire atterrit entre les mains des redoutables enquêteurs de la Brigade de recherches de la gendarmerie de Keur-Massar. Lorsque l’adjudant Abdou Aziz Gningue s’en saisit, l’affaire s’emballe.

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Le commerçant tunisien est auditionné et la traque lancée pour retrouver la bande des trois escrocs. Le premier parmi eux, en l’occurrence A. Cissé, est tombé vendredi 26 décembre. Il a été immédiatement placé en garde à vue. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs, escroquerie portant sur 43 millions de francs Cfa, usurpation d’identité et de fonction de douanier. Mais une question cruciale demeure et sera au centre de l’enquête : Comment une marchandise officiellement saisie par la Douane a-t-elle pu être détournée et se retrouver entre les mains d’escrocs ?