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La Banque mondiale a rendu public son Rapport international sur la dette 2025, le 3 décembre, et les données concernant le Sénégal confirment une tendance lourde observée depuis plus d’une décennie. Selon le rapport parcouru par L'OBS, l’endettement extérieur du pays connaît une progression fulgurante. D’après le profil pays officiel, l’encours total est passé de 4 649 milliards de Dollars, soit plus de 2 617 milliards de FCfa en 2010, à 47,146 milliards de Dollars, soit 26 540 milliards de FCfa en 2024, soit une multiplication par dix en quatorze ans.
Le Sénégal pays aurait besoin de 6 ans d’exportations pour couvrir son stock de dette extérieure
En 2024, le stock externe représente 151% du Revenu national brut (Rnb) estimé à 31 287 milliards de Dollars, soit plus de 17 612 milliards de FCfa. Rapportée aux exportations, la dette atteint un niveau encore plus sensible : 573% des exportations, selon la Banque mondiale. Autrement dit, le pays aurait théoriquement besoin de près de six années d’exportations pour couvrir son stock de dette extérieure, un ratio typique des économies très vulnérables aux chocs extérieurs. La charge annuelle de la dette confirme cette pression.
Le service total rapporté par le rapport représente 11% du Revenu national brut (Rnb) et 42% des exportations. Les paiements de 2024 incluent 1,513 milliard de Dollars au titre du principal et 1 417 milliard de Dollars, soit plus de 797 milliards de FCfa en intérêts, donc 2,93 milliards de Dollars, soit plus de 1 649 milliards de FCfa au total, rien que sur la dette long terme. Les valeurs consolidées utilisées par la Banque mondiale pour calculer le ratio final (11%) incluent le court terme, ce qui explique l’écart avec le calcul brut.
La dette privée non garantie (Png) à 15,448 milliards de Dollars
Le détail du portefeuille révèle un basculement notable du Sénégal vers des instruments plus sensibles aux conditions de marché. En 2024, sur la Dette publique extérieure : 19% proviennent de créanciers bilatéraux, 41% de créanciers multilatéraux, 40% du secteur privé. La part privée, qui inclut notamment les obligations souveraines, soit plus de 2 788 milliards de FCfa (4,954 milliards de Dollars), et les prêts des banques commerciales évalués à 3 153 milliards de FCfa (5,602 milliards de Dollars), expose fortement le pays aux variations des taux d’intérêt internationaux. La dette Privée non garantie (Png), à 15,448 milliards de Dollars, soit plus de 8 696 milliards de FCfa, renforce cette exposition.
La dette extérieure représente environ 1,39 million de FCfa par personne
Avec une population estimée à 19 millions d’habitants, la dette extérieure représente environ 1,39 million de FCfa, soit 2 482 Dollars, par personne, un niveau élevé pour une économie à revenu intermédiaire inférieur. Les intérêts de long terme seuls représentent 4,53% du Revenu national brut (Rnb), signe que la charge financière pèse déjà sensiblement sur la capacité de financement de l’Etat.
Des chiffres officiels… en dessous de la réalité ?
Le rapport précise un élément crucial : les dettes externes des entreprises publiques ne sont pas incluses dans les données du Système de déclaration des débiteurs (Sdd). Cela signifie que le passif réel consolidé (Etat + entreprises publiques) est potentiellement plus élevé. Ce point technique impacte directement l’analyse de la soutenabilité globale.
Une fragilité structurelle
Les ratios publiés soulignent une fragilité structurelle : si les exportations reculent, si les taux internationaux augmentent, ou si le refinancement à court terme se tend. Le Service de la dette peut devenir difficile à soutenir. Le seul stock de dette à court terme atteint 4,57 milliards de Dollars, soit plus de 2 572 milliards de FCfa, ce qui crée un risque de refinancement immédiat en cas de durcissement des conditions internationales.
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