La traque contre Umaro El Mokhtar Sissoco Embaló et Cie est lancée en Guinée-Bissau. Des familles qui se disent victimes de tortures, d'assassinats et d'actes de violence politique, survenus au cours de la gouvernance politique d’Umaro Sissoco Embaló et dans le contexte de la crise institutionnelle et politique en République de Guinée-Bissau, après ‘’l'interruption violente et illégale’’ du processus de l'élection Présidentielle du 23 novembre 2025, ont décidé de traîner devant la Cour pénale internationale (Cpi) le régime déchu.
Une plainte déposée auprès du bureau du procureur de la CPI
Ces familles de victimes ont officiellement saisi le cabinet d'avocat de Me Saïd Larifou, pour déposer un signalement auprès du Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale à La Haye. Elles entendent également engager des poursuites contre les responsables présumés de ces crimes devant des juridictions nationales et étrangères en appliquant le principe de la compétence universelle. Contacté par L’Observateur, l’avocat Me Saïd Larifou révèle que la plainte des victimes sera officiellement déposée aujourd’hui jeudi par son cabinet.
Il dit dans les colonnes de L'OBS : «On a déjà travaillé sur le dossier. Il y a des arrestations, surtout des détentions arbitraires de personnes en Guinée-Bissau sans aucun motif légitime. Si les militaires, surtout des autorités de l’Administration, qui sont censés protéger les biens de l’État, saccagent des matériels électoraux, cela devient grave. C’est un comportement qui peut conduire à la guerre civile en Guinée-Bissau. Ça, ce n’est pas toléré du tout. Ce sont des dirigeants qui font honte à l’Afrique. C’est l’image de l’Afrique qui est complètement salie avec ces types d’attitudes. Ils sont en train d’humilier des Africains», souligne l’avocat, qui rassure que son Cabinet fera tout pour que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles.
Ce qui est reproché à Embalo
Le signalement qui sera déposé aujourd’hui, en vertu de l'article 15 du Statut de Rome, a pour objectif de fournir au Procureur de la Cpi des informations substantielles sur les crimes allégués, dans l'espoir qu'il ouvre un examen préliminaire en vue d'une enquête complète. Car, indiquent les familles des victimes, depuis les événements récents ayant accentué la crise politique et institutionnelle, notamment la ‘’dissolution anticonstitutionnelle et arbitraire’’ en 2023 de l'Assemblée nationale de la République de la Guinée-Bissau et de l'interruption volontaire et illégale du processus de l'élection présidentielle du 23 novembre 2025 et d'autres tensions qui s'en sont suivies, des allégations documentées font état d'une multiplication des violations graves des droits humains.
Ces violations incluent, sans s'y limiter, des menaces des membres des organes électoraux, des arrestations des candidats à cette élection, suivies des détentions arbitraires, des actes de torture physique et psychologique, des détentions extrajudiciaires et des assassinats ciblant des opposants politiques, des journalistes et des membres de la société civile. «Ces actes, commis par des militaires et des éléments du régime sortant, s'inscrivent dans une attaque généralisée et systématique contre la population civile et pourraient être qualifiés de crimes contre l'humanité au regard du Statut de Rome», confient les familles de victimes bissau-guinéennes.
Les familles soutenues par un consortium international d'avocats spécialisés en droits humains
Parallèlement à la saisine de la Cpi, les familles, soutenues par un consortium international d'avocats spécialisés en droits humains, annoncent leur intention d'intenter des actions en justice dans les pays signataires du Statut de Rome (Cpi), permettant la poursuite de crimes internationaux et la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (Convention de New York), qui oblige les États signataires à poursuivre ou extrader les auteurs présumés de torture se trouvant sur leur territoire. Ces actions viseront spécifiquement des responsables bissau-guinéens qui pourraient être en voyage ou détenir des avoirs dans les États appliquant la compétence universelle, notamment en Europe et en Amérique du Nord.