L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est le thêatre depuis hier lundi de violents affrontements entre forces de l’ordre et étudiants qui réclament le paiement de leurs bourses. Après la journée chaude de vendredi dernier, le collectif des amicales de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a remis le couvert, et hier lundi, les échauffourées ont encore embrasé le campus. Les hostilités ont débuté dès 8 heures, lorsque la Corniche-Ouest a été prise d’assaut par les étudiants grévistes.
Mais l’opération a commencé plus tôt, aux alentours de 6-7 heures, devant le hall du Pavillon B, où les étudiants se rassemblaient quotidiennement pour se répartir en groupes stratégiques : l’un chargé de faire sortir les étudiants des restaurants, un autre pour déloger ceux qui se trouvent en amphithéâtres, et un troisième qui maintient le front jusqu’à la jonction avec les camarades des autres groupes. La matinée s’est ainsi transformée en une véritable arène où forces de l’ordre et étudiants s’affrontaient presque sans interruption. L’intensité de cette violence a contraint la police à déployer deux chars anti-émeutes sur la Corniche et sur l’Avenue Cheikh Anta Diop, soutenus par les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi). Pis encore, la police est même intervenue à l’intérieur de l’Université, franchissant les portes du sanctuaire académique pour contenir une fronde qui ne faiblissait pas.
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Les franchises universitaires en question
Alertés des actes de vandalisme au sein de l’Université, les policiers du Point E, compétents dans le secteur, et leurs collègues du Gmi, venus en renfort, ont étendu leurs opérations en s’invitant dans le rayon du campus pédagogique. Ce déploiement massif n’a pas été du goût des étudiants, qui ont vivement dénoncé un franchissement des «franchises universitaires» et exigé le retrait immédiat des forces de police hors de l’Ucad. Sur place, les responsables de la Police ont répliqué, expliquant à leurs interlocuteurs que «les franchises universitaires en question ne concernent que le campus social.» Mais dans leur frénésie, les étudiants n’ont voulu rien entendre. Même les agents du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) n’ont pas été épargnés.
Vives altercation entre étudiants et vigiles du Coud
Selon des sources de L’Observateur, des altercations ont éclaté entre les éléments de sécurité du Coud et les étudiants, occasionnant plusieurs blessés, dont un étudiant de la faculté des Lettres qui aurait même subi une fracture. Sur la Corniche Ouest, les excursions des grévistes, visant à perturber la circulation, ont emprunté des rues desservant l’Ambassade du Mali et le commerce à l’enseigne Kayser. Pour les repousser, la police a mené une traque méthodique dans ces ruelles menant à l’Ucad, revenant systématiquement à ses positions initiales sur la Corniche. Ainsi, les tentatives de blocage n’ont que peu prospéré. Incapables d’imposer leur loi sur la Corniche, les étudiants se sont repliés à l’intérieur du campus, se dirigeant vers le Pavillon A pour tenter de rejoindre l’Avenue Cheikh Anta Diop. Là encore, ils ont été stoppés par les forces de l’ordre, qui les ont repoussés avec efficacité. C’était aux alentours de 12-13 heures, coïncidant avec l’heure du déjeuner.
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Le "Ngente toubab" déclenché, 5 policiers, dont 4 Gmi, ainsi qu’un officier de police touchés
Les grévistes se sont alors rendus dans les restaurants, refusant de payer le ticket. Au même moment, un autre groupe tenait encore le front au niveau du Canal 4, mais il a rapidement été dispersé par le renfort des forces de l’ordre, qui ont quadrillé les lieux avec une rigueur presque militaire. Et à l’heure du bilan, on dénombrait cinq (5) policiers blessés, dont quatre (4) du Gmi, ainsi qu’un officier de police touché. Du côté étudiant, plusieurs blessures légères ont été signalées, mais l’un des responsables du Collectif s’est fracturé le bras au plus fort des affrontements. Une démonstration supplémentaire que, sur ces campus en ébullition, chaque heurt laisse une trace et chaque journée de colère écrit une ligne de plus dans une crise qui refuse de s’éteindre.


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