Le Caporal-chef tente de s’opposer à l’arrestation d’un dealer
Les faits ont eu lieu à Pikine. Ce qui devait être une simple interpellation de dealers et fumeurs de chanvre indien, par la Brigade de recherches (Br) du commissariat a bien failli dégénérer en affrontement armé entre forces de police et militaires du Bataillon d’artillerie. Il aura fallu l’intervention de la Justice militaire pour éviter un bain de sang. D'après le récit de L'OBS, tout commence dans l'ombre du marché Zinc, derrière les cantines des tatoueurs. Il fait nuit lorsque les limiers de la Brigade de recherches de Pikine, en patrouille, tombent sur un groupe de jeunes tirant tranquillement sur des joints de chanvre indien.
Parmi eux, un Caporal-chef de l’Armée sénégalaise, en civil, et un présumé dealer. Pris en flagrant délit de détention, d’offre et de cession de chanvre, les jeunes tentent de se disperser, mais les policiers sont plus rapides et bouclent le périmètre. C’est alors que le sous-officier, dont nous tairons la classe, s’interpose avec brutalité. Il dégaine son arme, frappe un policier au visage et tente de soustraire le dealer à l’arrestation.
Une bagarre éclate. Après un combat acharné, le Caporal et le dealer sont maîtrisés, menottés et conduits au commissariat de Pikine pour être placés en garde à vue. Une fois au poste, les policiers pensaient l’affaire bouclée. C’est compter sans la pugnacité du militaire. Profitant d’un moment d’inattention de ses geôliers, il parvient à alerter ses supérieurs hiérarchiques. Selon nos sources, un Capitaine reçoit alors un appel de son Commandant d’Unité lui ordonnant d’aller «récupérer», sans délai, l’élément pris dans le feu des policiers.
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La police face à des soldats armés
Les sources au sein du commissariat de police racontent alors avoir vu débarquer dans la nuit un pick-up rempli de soldats armés. À leur tête, un Capitaine, visiblement déterminé, descend du véhicule et exige la libération immédiate du Caporal-chef. Les policiers de permanence refusent catégoriquement d’obtempérer. Le ton monte vite, les insultes fusent, et les deux camps en viennent aux mains. Les soldats, armes en mains, menacent d’intervenir de force. Le commissariat devient une poudrière. «On a vraiment cru que ça allait tirer. Les soldats étaient nerveux, les policiers aussi. C’était la panique totale», témoigne une source policière.
Le chef de poste qui saisit la gravité de la situation, appelle immédiatement du renfort. Un appel de détresse qui déclenche une réaction en chaîne foudroyante. En un temps record, des unités venues de Guédiawaye, Wakhinane-Nimzatt, Thiaroye et Guinaw-Rails convergent vers l'épicentre de la crise. La cour du commissariat de Pikine est sur le point de devenir l'arène d'un conflit fratricide, où policiers et militaires se toisent avec une hostilité manifeste.
Dénouement grâce à la Brigade prévôtale
La tension est à son comble. Tout pouvait basculer à tout moment. Mais alors que la situation semblait échapper à tout contrôle, une intervention de la dernière chance évite le pire. Trois véhicules officiels franchissent à vive allure les grilles du commissariat, marquant un coup d'arrêt spectaculaire à l'escalade de la violence. Dans un silence soudain, des plus hautes autorités militaires descendent des véhicules : le Commandant de bataillon auquel appartient le Caporal-chef emprisonné, un Colonel de la justice militaire et le Commandant de la Brigade prévôtale. Leur arrivée calme automatiquement les esprits. L’atmosphère est alors aux négociations.
Après d'intenses discussions à huis clos avec les responsables policiers, un protocole de sortie de crise est adopté : le Caporal-chef est remis à la Brigade prévôtale, la Gendarmerie militaire est chargée de traiter les infractions commises par des soldats. Le dealer reste sous la responsabilité de la police et une décharge signée sur place, scellant la fin d’une nuit de tensions extrêmes. En attendant de connaître le sort du Caporal-chef, les autres mis en cause pour offre ou cession, détention de chanvre indien, sont toujours en garde à vue et pourraient être déférés ce lundi matin au Tribunal de Pikine-Guédiawaye.
Grâce au sang-froid des supérieurs hiérarchiques, un affrontement armé entre forces de sécurité a été évité de justesse. Si aucun blessé n’a été signalé, la peur et la confusion ont laissé des traces. «Chacun voulait montrer son autorité. Heureusement, les responsables ont su calmer le jeu à temps», glisse un agent en service lors de cette longue nuit du samedi à dimanche.


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