On en sait un peu plus sur l'audition du journaliste Madiambal Diagne par le tribunal de Versailles, qui s’est penchée, hier mardi, sur sa demande d’extradition formulée par le Sénégal. Selon des sources de L'OBS, dès 8 heures, Madimabal Diagne s’était installé là, vêtu d’une veste en cuir marron surmonté d'un col en doudoune, posée sur pantalon en kaki marron, baskets aux pieds, à l’entrée de la salle d’audience. Son regard, grave et attentif, suivait le ballet des robes noires et celui des soutiens venus à sa rencontre. Autour de lui, des membres de la diaspora sénégalaise, fervents et solidaires, avaient fait le déplacement pour lui témoigner leur fidélité. Les poignées de main, les murmures de réconfort, les éclats de rire furtifs venaient, par instants, fissurer la solennité du lieu.
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L’Avocat général dénie le caractère politique au dossier
Pendant près d’une heure, Mes Ousmane Thiam et Vivien Brengrath ont déployé leur plaidoirie comme un bouclier, dressé contre la perspective d’une extradition vers le Sénégal. Avec une éloquence mesurée mais ferme, ils ont rappelé que le mandat d’arrêt international émis contre leur client portait la marque d’une instrumentalisation politique plus que d’une exigence de justice. Face à eux, l’Avocat général, campé dans la rigueur de sa fonction, a refusé d’aborder le fond du dossier, estimant que si l’Etat du Sénégal a demandé une extradition de Madiambal, rien ne s’oppose à ce qu’elle soit exécutée. Il a nié le caractère politique de l’affaire (qui fait suite à un rapport de la Centif sur des flux financiers suspects estimés à 21 milliards Fcfa liés à un marché de 250 milliards attribué au ministère de la justice à la société française Ellipse Projects International).
Les "nombreuses irrégularités" ayant entaché la procédure d'extradition"
Une position que la défense a vivement contestée. Les avocats de Madiambal Diagne ont mis en lumière les nombreuses irrégularités ayant entaché la procédure sénégalaise, soulignant que leur client, en cas de retour à Dakar, ne bénéficierait pas d’un procès équitable au regard des standards internationaux. Ils ont rappelé, mémoire à l’appui, que les droits fondamentaux de l’intéressé risqueraient d’être bafoués, en violation des conventions internationales pourtant ratifiées par le Sénégal. Leur argumentaire a été consigné dans un mémoire d’une quarantaine de pages. Un document technique mais aussi profondément humain, où la rigueur du droit se mêle à la conscience du sort d’un homme. Lorsque les portes se sont rouvertes, le calme de la salle contrastait avec la tension des minutes écoulées. Les visages des avocats disaient l’essentiel : la plaidoirie avait tenu bon.
Délibéré renvoyé au 25 novembre
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Le délibéré est attendu pour le 25 novembre prochain. D’ici là, la justice française devra méditer sur la portée d’un mandat d’arrêt que la défense qualifie d’arme politique plus que d’acte de droit. Mais au terme de cette attente, ce sera bien à la Chambre de l’instruction du tribunal de Versailles qu’il reviendra de trancher : de dire si la loi doit ramener Madiambal Diagne sur sa terre natale ou lui accorder le répit d’un exil qu’il n’a jamais revendiqué, mais qu’il assume, dit-il, pour se soustraire à une mort certaine. Car, selon ses propres confidences livrées à maintes reprises depuis l’éclatement de l’affaire, la haine viscérale que certains nourrissent à son encontre avait atteint un tel degré d’intensité qu’il ne se sentait plus en sécurité au Sénégal.


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