Les crises jalonnent l’enfance et mettent les nerfs des parents à rude épreuve. Elles sont pourtant un signal précieux : celui d’un enfant submergé par une émotion qu’il ne sait pas encore gérer seul. Deux professionnelles, la psychologue Chloé Lang et la pédopsychanalyste Myriam Fassio, nous expliquent pourquoi certains mots, dits dans l’urgence, peuvent envenimer la situation. Et comment les remplacer par une attitude qui soutient vraiment le développement émotionnel de l’enfant. Voici les 5 phrases à éviter !
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« Calme-toi ! » : une injonction inefficace
Souvent prononcée sous tension, cette phrase produit l’inverse de ce qu’on attend. Lorsque l’adulte s’énerve pour exiger le calme, l’enfant active ses neurones miroir. Il imite le ton, l’intensité, le débordement. « Il ne sait pas encore comment faire autrement. Son cerveau émotionnel domine totalement à cet instant », détaille Chloé Lang.
2. « Ce n’est pas grave » : le danger de minimiser
Pour un cerveau adulte, la chaussette mouillée semble un détail. Pour un enfant, elle peut être vécue comme un événement majeur. Juger l’émotion comme excessive revient à en nier la légitimité. « Ce qui le rend triste ou en colère, c’est vital pour lui à cet instant », insiste Chloé Lang. L’enfant va alors penser que son ressenti ne compte pas, ou pire, qu’il est ridicule d’exprimer ce qu’il ressent. La psychologue propose une image parlante : « Si votre voisin prenait votre voiture sans rien vous demander, vous pourriez vous-même piquer une crise. Pour l’enfant, son jouet préféré, c’est sa voiture. »
Pour accompagner, il s’agit d’abord de reconnaître l’importance que cela a pour lui. Reformuler sa frustration, se mettre à son niveau, montrer que l’on comprend, même si on n’est pas d’accord. Cette validation est essentielle pour construire une estime de soi solide.
3. « Va dans ta chambre » : l’erreur de l’isolement
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Lors d’une crise, certains parents pensent que l’enfant a besoin de s’isoler pour se calmer. En réalité, l’émotion débordante n’a pas besoin d’être mise à l’écart, elle a besoin d’être accueillie. « En renvoyant l’enfant seul, on lui fait comprendre que ce qu’il vit est inacceptable, qu’il doit cacher ce qu’il ressent », explique Chloé Lang.
À long terme, cela peut former des adultes qui ne savent plus exprimer leurs émotions autrement que par repli ou explosion. La chambre peut aussi devenir associée à la punition, alors qu’elle devrait rester un lieu ressource, protecteur.
Il est préférable de dire : «je te sens très en colère. Je suis là. Si tu préfères être un peu seul, je t’attends juste à côté. » L’adulte prend de la distance, mais reste présent. L’enfant comprend alors qu’il peut revenir vers lui quand il se sent prêt : c’est déjà un premier pas vers la régulation autonome.
4. « Arrête ta comédie » : une négation de l’émotion
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Sous le coup de la fatigue, il arrive de douter de la sincérité d’une crise. Pourtant, l’enfant ne joue pas un rôle. Il est dépassé. Dire qu’il exagère revient à considérer que ses émotions sont factices.
Cette phrase attaque l’enfant dans sa façon d’être. Il peut apprendre à mettre ses ressentis de côté pour être aimé ou accepté. À l’âge adulte, cela peut se traduire par une grande difficulté à s’affirmer, à poser des limites, ou à reocnnaître ses propres besoins. Mieux vaut souligner qu’il est débordé, et lui montrer qu’on peut l’aider à traverser cette vague. L’objectif n’est pas de juger, mais de contenir.
5. « Tu me fatigues » : la blessure invisible
Beaucoup de parents la prononcent dans un moment de saturation. Mais à l’oreille de l’enfant, cette phrase porte un message dévastateur : « Je suis un poids », « Je pose problème à mon parent ». L’enfant commence alors à lier l’amour reçu à son comportement : s’il dérange, il risque de perdre ce lien vital, explique Myriam Fassio.
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Au contraire, la présence et la stabilité de l’adulte sont fondamentales pour l’apaiser. Il a besoin de sentir que la relation tient, même au cœur du chaos. Dire qu’on reste avec lui malgré l’agacement du moment est un acte fondateur. « Quand un enfant fait une crise, il n’a pas besoin d’autorité froide, mais d’un adulte stable et contenant », insiste la pédopsychanalyste.


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