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6 policiers de la Br de Pikine risquent 7 ans de prison ferme

Les six policiers, agents de la Brigade de recherches du commissariat de Pikine, arrêtés en mars 2024, pour coups et blessures ayant causé la mort de Seydina Mohamed Diop, alias Taya, ont été jugés hier au Tribunal correctionnel de Pikine-Guédiawaye.
brassard-police
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Ils ont été jugés pour des faits de coups et blessures mortels

Henry Sagna (40 ans), Calabanta Gomis (33 ans), Ibrahima Gaye (30 ans), Aboubacry Ba, âgé aujourd'hui de 31 ans, Soulèye Diallo né en 1991 et Silèye Guèye (34 ans), tous agents de la Brigade de recherches du commissariat de police de Pikine, ont fait face, mardi, au juge du Tribunal correctionnel de Pikine-Guédiawaye, pour des faits de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Ces policiers, rapportent L'OBS, ont été inculpés, puis mis sous mandat de dépôt le 5 avril 2024, suite à leur expédition punitive de la nuit du 19 au 20 mars 2024, au quartier Dagoudane de Pikine, ayant abouti à la mort, trois jours plus tard, de Seydina Mouhamed Diop dit Taya à l'hôpital Principal.

Les débats d'audience

A l'entame des débats, Henry Sagna, chef de la Brigade de recherches de la police de Pikine, est revenu sur les faits survenus dans la nuit du 19 au 20 mars 2024. On était au mois du Ramadan, et le limier dit qu'il était en patrouille avec ses éléments dans le secteur de Bunt Pikine, lorsque vers 19H30, ils ont reçu une information anonyme faisant état de jeunes fumant du chanvre indien au domicile du nommé Ndéné Guèye, habitant le quartier Dagoudane.

Aussitôt, précise-t-il, "il a envoyé une équipe de quatre agents en civil qui se sont heurtés à la résistance farouche de trois individus, trouvés dans une chambre buvant de l'alcool et conditionnant la drogue." Henry ajoute que la situation a dégénéré quand l'hôte de la bande a cassé le verre, avec lequel il buvait de l'alcool, sur la tête d'un de ses éléments avant de s'enfuir.

Tribunal-de-grande-instance-de-Pikine-Guediawaye

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Le groupe de "Baay Fall et la bagarre

Il continue son récit en ajoutant qu'il a aussitôt volé à leur secours, surtout quand il a su qu'un groupe de ‘’Baay Fall’’ s'était mêlé de la bagarre engagée par ses éléments avec Seydina Mouhamed Diop et Mamadou Diagne, qui refusaient d'être interpellés. Les derniers nommés seront finalement menottés avant d'être embarqués dans le véhicule de patrouille.

Dans sa chronologie des faits, le chef de la Br souligne que, quand ils sont arrivés au rond-point Dominique, il avait entendu un bruit sec de chute. Quand il a interrogé les agents qui se trouvaient à l'arrière du véhicule avec les deux interpelés, ils lui ont répondu que Taya Diop s'était cogné volontairement la tête sur la barre de fer reliant le pneu de secours.

baye-fall

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Des propos qui font immédiatement réagir le juge qui lui montre des images du défunt Seydina Mohamed Diop sur son lit de mort, où on ne voit aucune trace de blessure sur son visage et sa tête. Les témoignages des frères de la victime vont contredire les versions des policiers qui s'arcboutent sur une arrestation suivie de rébellion, en plus d’une saisie de 100 grammes et quelques cornets de chanvre indien dans la chambre. Youba Dialy Diop affirme que le jour des faits, on l'a appelé pour lui dire qu'un groupe de neuf policiers en civil s'était présenté au domicile de Ndéné Fall où se trouvaient Mamadou Diagne et Taya Diop.

Le réquistoire du Parquet

Mais le Procureur a révélé qu'une réquisition suivant une géolocalisation des prévenus au Technopole dans la nuit du 19 au 20 mars, ne laisse pas de place au doute. Henry Sagna et Cie y étaient présents de 21H à 22H45, malgré leurs dénégations voulant faire croire qu'ils ont juste emprunté la route pour aller récupérer leur repas du soir dans un restaurant près de l'ancien Tribunal d'instance de Pikine Canada.

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Ce que dit l'autopsie

Le certificat de genre de mort fait état de «polytraumatisme avec fractures déplacées des arcs postérieurs des 4e et 9e côtes, contusion pulmonaire et région fessière avec infiltration hémorragique importante, traumatisme du coude gauche ayant entraîné des complications métaboliques et hémodynamiques».

Autopsie

Autopsie

Le Procureur a estimé que ce sont des actes criminels qui auraient mérité la Chambre criminelle. Il a requis 7 ans de prison ferme pour tous les six policiers. La défense va tenter de développer la thèse d'une arrestation suivie d'une rébellion et une bagarre ayant occasionné des blessures et réfute la présence de ses clients au Technopole. Le juge a mis l'affaire en délibéré au 11 février prochain.

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