L’ex-commandant de la gendarmerie, Ibrahima Dramé, va comparaître devant le tribunal correctionnel. Ainsi en a décidé le magistrat Abdoul Aziz Diallo, Doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, dans son « ordonnance de non-lieu partiel et de renvoi devant le tribunal correctionnel » rendue le 10 février dernier, indique L'OBS. L’ancien officier de gendarmerie avait été inculpé et placé sous mandat de dépôt le 28 février 2024, à la suite d’une plainte de la gendarmerie déposée par Me Baboucar Cissé.
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Il lui est reproché d’avoir fomenté un complot contre l’autorité de l’Etat et proféré des menaces de mort et des outrages à l’encontre du Général Moussa Fall, du colonel Abdou Mbengue, commandant de la Légion de Dakar, et du colonel Cheikh Faye, commandant de la Légion de gendarmerie. Dans sa décision, le juge d’instruction a écarté une partie des accusations, notamment celle de complot contre l’autorité de l’État.
En s’appuyant sur les articles 72 et 73 du Code pénal, il rappelle que le complot suppose un accord secret entre plusieurs personnes dans l’intention de renverser l’ordre constitutionnel, de troubler la succession des autorités ou d’inciter les citoyens à se soulever contre l’État. Or, constate-t-il, « il ne résulte pas des éléments objectifs de la procédure que l’inculpé Ibrahima Dramé s’est concerté avec un ou plusieurs autres individus, d’où l’absence d’une résolution commune d’agir. Qu’il échet dire n’y avoir lieu à suivre davantage contre lui du chef de complot contre l’autorité de l’État».
Le cœur du dossier reste désormais les propos menaçants adressés à ses anciens supérieurs. Dans un message adressé au Général Moussa Fall, l’ex-gendarme laisse éclater sa rancune : «Tu m’as radié de la gendarmerie, mais tu vivras pire que ce que tu m’as fait endurer. Je connais le nom de ton épouse, de ton fils et de tes proches. Je n’ai pas peur de toi parce que la fin de ton pouvoir est pour bientôt. Et pour quelqu’un qui a passé plus d’un an en prison, la peur n’existe plus parce que je n’ai plus rien à perdre. (…) J’ai passé plus de deux mois dans la même chambre avec Bassirou Diomaye Faye au Cap Manuel et cela n’est pas négligeable…»
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Dans d’autres messages, il s’en prend aux colonels Abdou Mbengue et Cheikh Faye : « Merci pour tout. Je ne perdrai pas mon temps à rechercher un boulot, j’irai là où je peux me servir des armes parce que j’ai été formé pour. Advienne que pourra», puis « Vous êtes maintenant fiers d’avoir contribué à faire aboutir…. Une chose est sûre, Salif Sadio ne sera pas plus casamançais que moi. » Face aux enquêteurs, Ibrahima Dramé reconnaît être l’auteur des messages. Il explique les avoir envoyés sous le coup de l’émotion, alors qu’il traversait une période sombre, marquée par son incarcération. Lors de son audition, il précise qu’il n’a jamais eu l’intention de passer à l’acte. S’agissant des armes et de la Casamance, il dit avoir simplement voulu évoquer son désir de retourner dans son village natal pour s’adonner à la chasse.