L’affaire a été jugée hier mercredi au tribunal des flagrants délits de Dakar ce mercredi. Le dossier met en cause A. D., femme mariée et femme de ménage, originaire du village de «Ndiaganiao». Enceinte des œuvres de son amant, S. M. D., elle a bénéficié de l’aide d’un second amant, El H. M. K, pour se procurer des pilules abortives, relate L’OBS. Tous deux ont comparu à la barre, elle pour avortement, son second amant pour lui avoir fourni le produit. Entre les deux, le premier amant pour servir de témoin à charge.
Les faits ? La femme mariée travaille, depuis des années, dans la capitale comme femme de ménage. C’est au fil des ans qu’elle fait la rencontre de S. M. D. Le courant passe, une relation amoureuse s’installe. Mais au bout de trois ans d’idylle, le destin prend un virage : Awa est donnée en mariage forcé. À la barre, elle confie avoir toujours été opposée à cette union. Mariée depuis deux ans, elle continue donc d’entretenir des liaisons extra-conjugales avec son premier amour, S. M.
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Seulement, elle fait la connaissance d’un autre homme en rentrant de son travail. El Hadji M. K., également prévenu dans cette affaire, sera le second amant. Durant cinq mois, Awa continue d’avoir ainsi une triple vie, entre son mari et ses deux amants. Jusqu’à ce qu’elle découvre être enceinte de son premier copain. Mis au courant, S. M. assume sans réserve la paternité. Mais entre-temps, M. K. refait surface, après une petite dispute amoureuse. A. D. lui confie alors attendre un enfant de son premier copain, ce qui n’a pas l’air de déranger M. K. La vie continue ainsi pour Awa qui fréquente ses deux amants, tout en étant mariée et enceinte.
Les pilules achetées par son second amant
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Tout bascule le 22 mars dernier lorsque M. K. retrouve A. D. chez elle avec un sachet contenant trois comprimés. Il lui aurait, d’après la prévenue, tenu un discours rassurant pour l'inciter à avorter. «Il m’a dit que je ne risquais rien, que ça allait sortir comme mes menstrues.» Convaincue, A. D. cède. «J’ai accepté naïvement de mettre fin à la grossesse sous son influence.» Le jour de son avortement, vers trois heures du matin, la jeune femme est prise de violentes douleurs. À bout de souffle, elle est conduite d’urgence à l’hôpital.
Mais, avant même de sortir de chez elle, le fœtus glisse et reste coincé entre ses jambes. À l’hôpital, où elle est prise en charge et interrogée par les sages-femmes, elle avoue avoir ingéré des médicaments. En douce, le personnel médical alerte la police. Une fois rétablie, Awa est remise aux enquêteurs. Son complice présumé, M. K. n’échappera pas non plus à la justice.
Tous deux comparaissaient hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. À la barre, Awa a tenté de rejeter toute la responsabilité sur M. K. «Il s’est joué de moi. J’avais refusé, mais il a insisté. L’idée de me débarrasser de cet enfant ne m’a jamais effleuré l’esprit», a-t-elle soutenu face à un amant qui a tout réfuté. Selon lui, Awa lui avait affirmé qu’elle n’en était qu’à deux mois de grossesse. «Je n’ai pas acheté les médicaments. Je l’ai juste accompagnée à Keur Serigne Bi. Elle s’est elle-même procuré les comprimés, avec l’argent donné par son autre copain», dira M. K. Pour le procureur, la jeune femme savait parfaitement ce qu’elle faisait.
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Elle aurait simplement voulu éviter que sa famille, restée au village, découvre sa grossesse hors mariage. Estimant les faits graves, le ministère public a requis deux ans de prison ferme contre les deux prévenus. Les avocats de la défense, de leur côté, ont plaidé pour une application bienveillante de la loi. Ceux de M. K., notamment, se sont indignés du comportement de A. D., qu’ils accusent d’avoir voulu faire de leur client un bouc émissaire. Finalement, Awa et son amant M. K. ont écopé de 8 mois de prison ferme.