Il s'immerge dans le bassin de rétention de 5 h à 17 h
Scène insolite à Yeumbeul. Traqué par la foule et sans issue, le voleur a pris la fuite avant de se jeter dans le bassin de rétention du quartier Darah Kamil. Pour éviter de se faire lyncher par une foule déchaînée, il a passé plus de douze heures, immergé dans l'eau, de 5 h à 17 h, avant d’être extrait par les sapeurs-pompiers sous les yeux médusés des habitants.
Il venait 5 jours plus tôt de purger une détention de six mois de prison
Les faits, selon L'OBS, ont eu lieu dans la nuit du 10 au 11 octobre dernier. Le mis en cause, Abdourahmane C., un menuisier de 38 ans, venait cinq jours plus tôt de purger une détention de six mois de prison. Il était oursuivi par une foule en colère après un cambriolage nocturne. Selon les éléments présentés lundi, devant le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye, le cambriolage s’est produit vers 3 heures du matin.
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Le film du cambriolage
Abdourahmane C. aurait escaladé le mur d’une villa du quartier, pénétrant dans les chambres du rez-de-chaussée et du premier étage. C’est là qu’un enfant, réveillé par le bruit, l’aperçoit et alerte son père de la présence de l’intrus. Ce dernier se lance alors à la poursuite du voleur qui, dans sa fuite, verrouille la porte, retardant ses poursuivants. Mais acculé dans la rue, le suspect tente de retourner la situation, en criant lui-même au voleur, espérant rediriger la foule vers ses victimes.
Peine perdue et en désespoir de cause, Abdourahmane se jette dans le bassin de rétention pour sauver sa vie. Il y restera douze longues heures, trempé, affamé et cerné par des dizaines de curieux. Les policiers et gendarmes, alertés dès l’aube, n’ont pas osé s’y aventurer. Ce n’est qu’à 17 h, avec l’intervention tardive des sapeurs-pompiers, que l’homme est finalement extrait, sous les cris et insultes d’une foule survoltée.
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Des aveux
Une vidéo filmée par la victime, produite à la barre, montre l’impressionnante scène : des habitants massés autour du bassin, et le fuyard tentant vainement de se dissimuler sous les eaux boueuses. À la barre, Abdourahmane C., frêle, tête baissée, tente de nier les faits. Il affirme être rentré dans la maison par erreur, croyant la villa inoccupée. Le juge le rappelle aussitôt à l’ordre et l’interpelle sur ses aveux au cours de l’enquête, lorsqu’il a reconnu être entré sciemment après avoir escaladé le mur.
Un multirecidiviste
hôpital Pikine
Sorti de prison le 6 octobre dernier, soit à peine cinq jours avant les faits, après avoir purgé une peine de six mois pour vol, le menuisier affirme avoir agi sous la peur, craignant d’être lynché comme un mécanicien qu’il dit avoir vu tué dans les mêmes conditions. Les parties civiles présentes à la barre ont évalué les préjudices du vol. Le père de famille affirme avoir été spolié de la somme de 120 000 F CFA, son épouse d’un téléphone d’une valeur de 50 000 Fcfa, deux autres occupants se sont plaints d’avoir perdu aussi deux téléphones de 75 000 et 50 000 Fcfa. Enfin, deux locataires auraient été aussi délestés d’un téléphone de 100 000 Fcfa et d’un autre dont la valeur n’a pas été précisée.
Deux ans de prison ferme
Après délibéré, le tribunal a déclaré Abdourahmane C. coupable de vol avec escalade la nuit et l’a condamné à deux ans de prison ferme, conformément aux réquisitions du parquet. Il devra également indemniser les victimes pour les préjudices subis, avec contrainte par corps au maximum. Un retour express en prison pour ce menuisier de Yeumbeul, dont la cavale dans les eaux sales du bassin restera gravée dans les mémoires du quartier.