L’archevêque Desmond Tutu s’éteint à 90 ans

La dernière grande icône Sud-africaine de la lutte contre l'apartheid est décédée ce dimanche 26 décembre.

Desmond Tutu

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C’était la dernière des grandes icônes de la lutte contre l’apartheid : l’archevêque anglican Desmond Tutu, la conscience de l’Afrique du Sud mais aussi un rire espiègle et puissant, est mort dimanche à 90 ans.

Jusque récemment, le prix Nobel de la paix a imposé sa petite silhouette violette et son franc-parler légendaire pour dénoncer les injustices et écorner tous les pouvoirs.

Le président Cyril Ramaphosa a exprimé « sa profonde tristesse » face au décès de ce « patriote sans égal », « intègre et invincible contre les forces de l’apartheid, qui laisse une veuve », Mama Leah, et leurs quatre enfants.

Cette mort représente « un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels » qui « nous ont légué » un pays « libéré », a-t-il ajouté, un mois après la mort de Frederik de Klerk, dernier président blanc du pays.

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La perte de Mgr Tutu, « penseur, leader, berger », est « incommensurable », estime la fondation Mandela.

Après l’avènement de la démocratie en 1994 et l’élection de son ami Nelson Mandela, Desmond Tutu avait inventé le terme de « Nation arc-en-ciel ». Il a présidé la Commission vérité et réconciliation (TRC) dont il espérait, grâce à la confrontation des bourreaux et des victimes, qu’elle permettrait de tourner la page de la haine raciale.

« The Arch », comme le surnomment affectueusement les Sud-Africains, était affaibli depuis plusieurs mois. Souffrant depuis longtemps d’un cancer de la prostate, il est mort, sans doute de vieillesse, paisiblement à 7 h dimanche, selon plusieurs proches interrogés par l’AFP.

Il ne s’exprimait plus en public mais saluait les caméras présentes à chacun de ses déplacements, d’un regard malicieux, d’un faible geste de la main, comme lors de sa vaccination contre la COVID-19 ou, en octobre, à la cérémonie célébrant ses 90 ans.

Une prière a été organisée à la cathédrale St George, son ancienne paroisse, où des passants sont venus déposer des fleurs et se recueillir.

« C’est si triste », soupire auprès de l’AFP Miriam Mokwadi, infirmière retraitée de 67 ans. « Tutu était un vrai héros, il s’est battu pour nous », dit-elle, tenant sa petite fille par la main.

« Repère moral »

Les joueurs sud-africains de cricket ont porté dimanche un brassard noir au premier jour d’une importante compétition contre l’Inde. Et la Montagne de la Table, qui surplombe la ville du Cap, sera illuminée de violet de dimanche soir jusqu’à ses funérailles, sans doute d’ici une semaine.

Son ami le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains, avec qui il a partagé des fous rires mémorables, a souligné « le lien spirituel » qui les unissait.

L’ancien président américain Barack Obama a salué « un ami, un mentor, un repère moral ». « Sa chaleur humaine et sa compassion nous ont livré un message spirituel pour l’éternité », a réagi un autre ancien président des États-Unis, Jimmy Carter, membre comme Tutu du « Groupe des Sages » fondé par Mandela.

« Un géant est tombé », a salué l’opposant ougandais Bobi Wine. Son combat « restera dans nos mémoires », a estimé le président français Emmanuel Macron.

Desmond Tutu s’était fait connaître aux pires heures du régime raciste de l’apartheid. Alors prêtre, il organise des marches pacifiques contre la ségrégation et plaide pour des sanctions internationales contre le régime blanc de Pretoria. Sa robe lui a épargné la prison.

Sa fille Mpho Tutu van Furth avait raconté à l’AFP à l’occasion des 90 ans du révérend, un souvenir d’enfance symptomatique de l’apartheid : « On s’était arrêtés sur la route et mon père est allé nous acheter des glaces. L’employé lui a dit qu’il ne servait pas les “ kaffirs ”. Mon père est sorti en trombe, nous n’avons pas mangé de glace ce jour-là ».

Le combat non violent de Tutu avait été couronné du prix Nobel de la paix en 1984.

Après l’apartheid, fidèle à ses engagements, il avait dénoncé les dérives du gouvernement de l’ANC, des errements dans la lutte contre le sida aux scandales de corruption.

En 2013, il avait promis de ne plus voter pour le parti fossoyeur de l’apartheid : « Je n’ai pas combattu pour chasser des gens qui se prenaient pour des dieux de pacotille et les remplacer par d’autres ».

Parmi ses autres combats, il a aussi défendu les droits des homosexuels – « Je ne vénérerais pas un Dieu homophobe » – et milité pour le droit au suicide assisté.

La dernière fois que le pays a eu de ses nouvelles, c’était le 1er novembre. Loin des regards, il avait voté aux élections locales.

Avec Lapresse.ca

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