Ce que Cheikh Yérim Seck a dit aux enquêteurs lors de son audition

Cheikh Yérim Seck est placé en garde à vue à la Direction spéciale de Cybersécurité. Il est poursuivi pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles. Lors de son audition, l'ex journaliste Jeune Afrique n’a pas varié dans ses propos.

Cheikh Yérim Seck en conférence de presse le 18 février 2023

Cheikh Yérim Seck a été convoqué suite à son émission :l'«Invité de Maïmouna Ndour Faye» sur la 7TV au cours de laquelle il a démenti les chiffres des finances publiques avancés par le Premier ministre Ousmane Sonko lors de sa conférence de presse.

Assisté de son avocat, Me Mamadou Guèye Mbow, le journaliste, arrivé à 15 heures, a été soumis à un interrogatoire tournant autour de sa contestation des chiffres sur les finances publiques avancés par Ousmane Sonko.

Invité à préciser dans quel contexte il a fait ses déclarations qui concernent les chiffres avancés par le Premier ministre, Cheikh Yérim répond les avoir tenues dans le cadre de l'émission :«L'invité de MNF» sur la 7TV animée par la journaliste Maïmouna Ndour Faye.

En lui montrant un court extrait de l’émission, les enquêteurs lui ont demandé, selon des sources de L’Observateur, de revenir, de façon concise, sur les chiffres qu’il avance. Le journaliste a vite fait de les corriger, leur disant qu’il n’a pas annoncé de chiffres, que c’est le Premier Ministre qui a avancé des chiffres, à propos du déficit public et du ratio de la dette par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut).

Mais les policiers ont voulu savoir s’il avait l'intention de remettre en cause la véracité de ces chiffres ou d'exprimer un point de vue personnel. Cheikh Yérim leur rétorque que son intention était, dans le cadre de l'expression de son point de vue personnel, de remettre en cause la véracité des chiffres avancés par le Premier Ministre Ousmane Sonko.

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Il ajoute que de science certaine, aucune des sources habilitées, notamment le FMI et la Banque mondiale, n’a donné les chiffres avancés par le Premier ministre. Selon des informations de L’Observateur, il a précisé que même le site officiel du Ministère des Finances du Sénégal ne donne pas ces chiffres.

  • Yérim se refugie derrière le FMI, la Cour des comptes et le site officiel du Ministère des Finances

Cheikh Yérim pousse les choses plus loin en leur disant que même le rapport de la Cour des Comptes, organisme habilité, n’a pas donné ces chiffres avancés par le Premier ministre. Face aux questions des limiers pour savoir sur quelle source il s’est basé, le journaliste leur apprend que toutes les sources habilitées, attestent que ce que dit le Premier ministre est faux.

Les enquêteurs changent de méthode. Selon des sources de L’Observateur, ils demandent au journaliste s’il a, au moins, vérifié les informations données par Ousmane Sonko auprès de sources crédibles ou officielles.

Cheikh Yérim est resté sur sa ligne de défense et a laissé entendre aux enquêteurs, selon des sources proches de l’enquête, qu’il n'y a pas meilleure source que le site officiel du Ministère des Finances du Sénégal, dont les chiffres diffèrent de ceux avancés par le Premier Ministre.

C’est ainsi que les éléments de la Direction spéciale de Cybersécurité lui demandent s’il peut fournir des preuves par des documents qui appuient ses déclarations. Mais Cheikh Yérim les renvoie aux sites officiels de tous les organismes de financement qui coopèrent avec le Sénégal.

Il leur apprend que même le représentant résident du FMI a confirmé, dans une interview, les chiffres antérieurs à la déclaration du Premier Ministre. Il leur précise également qu’aucun pays de l'Uemoa avec un déficit supérieur à 10% ne peut lever de fonds, selon la réglementation communautaire.

Il ajoutera que rien qu'en septembre 2024, le Sénégal a levé trente-cinq (35) milliards sur le marché de l’Uemoa. Ce qui est, selon le journaliste, la preuve que le chiffre de déficit budgétaire avancé par le Premier ministre est faux.

C’est là que les enquêteurs lui auraient, selon des sources de L’Observateur, dit que ses propos seraient diffamatoires à l'encontre du Premier Ministre ou même susceptibles de troubler l'ordre public. Le journaliste, niant avoir diffamé qui que ce soit, leur a signifié avoir dit des faits étayés par tous les organismes spécialisés sur la question.

Il ajoute que sa seule intention était de rétablir la vérité des faits dans l’intérêt d'un dialogue démocratique et juste. Il précise que son intention était claire : un souci de dire ce qui est conforme à la vérité.

Et les hommes de la Cybersécurité ont cherché à savoir si Yérim a vérifié les chiffres du Premier ministre Ousmane Sonko auprès des autorités compétentes ou du porte-parole du gouvernement. Mais le journaliste est resté constant à sa démarche.

Il leur a signifié qu’il n'a pas besoin de contacter d’une autorité compétente pour vérifier des informations qui sont dans le domaine public. Il rappelle que le fait que les nouvelles autorités aient pu lever mille six cent soixante-cinq (1,665) milliards FCfa depuis leur arrivée au pouvoir prouve que ce que le Premier ministre a dit est faux.

Car au-delà d’un déficit de 10 % et d’un ratio de la dette de 80 % par rapport au Pib, on ne peut lever un Fcfa. Il ajoute que les documents pour prouver cela sont partout. Avant de leur faire remarquer qu’il était dans une posture journalistique de restitution des faits dans leur authenticité.

Décidés à pousser le journaliste à ses derniers retranchements, les policiers enquêteurs lui demandent s’il n’est pas mieux de défendre sa thèse par la présentation d'un document officiel, palpable. Le journaliste leur rétorque que le document officiel du Sénégal, le dernier rapport de la Cour des comptes qui couvre jusqu'à la gestion de 2022, donne des chiffres totalement différents de ceux avancés par le Premier Ministre.

Il précise que la Cour des comptes est l'organisme habilité pour certifier la gestion budgétaire au Sénégal. Ces chiffres sont les seuls officiels. Les chiffres fournis par le Premier Ministre ne le sont pas. Il leur fournit trois arguments, selon les mêmes sources, pour leur assurer que les chiffres du Premier ministre ne sont pas fiables.

D’abord, il leur explique que le Premier Ministre ne serait pas mieux outillé que tous les organismes de financement, toutes les structures de notation et toute l’administration des finances du Sénégal pour apporter des chiffres qui démentent les leurs.

Ensuite, il rappelle l'argument fourni par Ousmane Sonko, lui-même, pour étayer la falsification des chiffres, à savoir une discussion privée entre le président de la République, l'ancien ministre des Finances et lui-même, lui semble d'une légèreté grotesque.

Enfin, l'utilisation politique faite de ces données par le Premier Ministre dans un contexte électoral, prouve à suffisance la motivation de celui-ci. Cependant, il précise, suite à une question des enquêteurs, qu’il n'a aucune intention de nuire à qui que ce soit.

Il a ajouté que son intention, purement journalistique, consistait à produire des faits étayés par des organismes habilités. Mais les policiers lui expliquent qu’il pouvait donner ses chiffres sans dire que les chiffres avancés par le Premier ministre sont faux.

  • "S’il s’agit de Ousmane Sonko, il allait dire que l'auteur des propos mentait"

Selon des informations de L’Observateur, Cheikh Yérim Seck leur a répondu, que lui, au moins, était délicat dans ses propos. Il leur a répondu que s’il s’agit de Ousmane Sonko, il allait dire que l'auteur des propos mentait.

Cependant il a précisé qu’il ne cherche rien d'autre qu’à faire son métier de journaliste, en respectant la sacralité des faits. Que ses propos soient mal interprétés ou déformés par les téléspectateurs ou les médias, il a assuré que, dans le cadre de la pratique de son métier, on se limite à écrire et dire en laissant au public le soin d'apprécier, d'interpréter ou de commenter.

A la fin de son audition, il a été placé en position de garde à vue. Les enquêteurs sont à l’écoute du procureur de la République, pour savoir la suite à donner à ce dossier.

Cheikh Yérim est poursuivi pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles.

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