Honorables, pénaliser n'est pas criminaliser… [Opinion du contributeur]

Dans un communiqué publié par les députés de la majorité suite au dépôt de la proposition de loi, on peut aisément lire que la criminalisation de l’homosexualité est un faux débat. Il semble que ces derniers se perdent entre la pénalisation et la criminalisation. Un éclairage s’impose !

Sénégal - Marche contre l'homosexualité

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En déclarant que la criminalisation de l’homosexualité est anodine, ces députés soutiennent que l’acte est déjà incriminé dans le code pénal à travers son article 319. Aux termes de cette disposition, il est prévu une peine d’emprisonnement d’un (1) an à cinq (5) ans et une amende de cent mille (100.000) à un million cinq cent mille (1.500.000) F CFA à l’égard de quiconque qui aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe.

Il sied de vous dire au prime abord que cet article ne fait que pénaliser les actes contre nature dont l’homosexualité, il ne les criminalise pas. Loin s’en faut. En plus d’être imprécis, il ne cadre pas avec le contexte qui prévaut actuellement. Aujourd’hui le phénomène renferme plusieurs formes qui méritent d’être prises en compte par la loi. Il me plait de souligner également qu’une lecture chirurgicale dudit texte permet de dire que la promotion, la vulgarisation ou même le financement de ces actes de quelque manière que ce soit, ne sont pas interdits. Par conséquent, créer une association dont l’objet est l’apologie de l’homosexualité ou du lesbianisme, est tout à fait légal… à l’état actuel de la législation.

Toutes ces considérations donnent du sens et de la portée à la criminalisation de cette inversion sexuelle qui gagne de l’ampleur.

Justement, honorables, la criminalisation consiste à qualifier de manière expresse et sans équivoque l’homosexualité de crime dont l’auteur est passible d’une peine d’emprisonnement qui peut aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité. C’est exactement ce qui est fait à l’égard du trafic de drogue avec la loi n°2007-31 du 27 Décembre 2007 (communément appelée loi Latif Gueye). Mais aussi récemment avec le viol à travers la loi n°2020-05 du 10 Janvier 2020. Ces infractions qui étaient de simples délits sont désormais des actes criminels sévèrement sanctionnés eu égard à leur impact négatif sur la société.

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A mon sens, l’homosexualité est plus dévastatrice que tout autre acte incriminable. Au-delà de poser un problème de santé publique, ce mal gangrène le tissu social et sape la morale.

Il est donc dangereux et maladroit d’appréhender la question comme une machination politique aux relents électoraux. En rappelant que le Président Macky SALL a dit que l’homosexualité ne sera jamais légalisée sous son magistère, vous semblez réduire le sujet à un périmètre minimaliste.

Cette position grandiloquente que vous adoptez porte en elle-même les germes d’une déception. Cela ne m’empêche pas tout de même, de vous rappeler que votre statut de député rime avec une responsabilité que vous devez assumer avec sérénité et dignité.

Voter la loi qui criminalise l’homosexualité dans toute son expression, est plus qu’une demande sociale dans un contexte où nos valeurs sont la proie d’une « colonisation culturelle » occidentale.

L’occasion d’écrire une belle page dans la vie de la nation vous est donc offerte. Ne la ratez pas….

Est-il permis d’espérer ? Peut –être non !

Si l’on voit que le nouveau code de la presse que vous-mêmes, avez voté en 2017, dispose en son article 18 que « le journaliste et le technicien des médias doivent respecter la dignité humaine ; éviter toute allusion, par le texte, l'image et le son, à l’appartenance ethnique ou nationale d'une personne, à sa religion, à son sexe ou à son orientation sexuelle », le législateur Sénégalais n’est pas encore prêt à répondre à l’appel du peuple souverain.

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Pulse Contributors est une initiative visant à mettre en évidence diverses voix journalistiques. Les Contributeurs Pulse ne représentent pas la société Pulse et contribuent en leur nom propre.

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