Inondations : Grand-Yoff prend déjà les devants ! [Reportage]

Après la pluie, ce n’est pas toujours le beau temps dans certains quartiers de Dakar. Ayant bien saisi cela, les populations de Grand-Yoff, impactées à chaque saison des pluies, se préparent en conséquence. En mode « wadial naweet ».

La devanture d'une Boucherie à Grand Yoff

Des nuages partout dans le ciel à Dakar en ce matin du mois de juillet, une forte chaleur rend l’atmosphère invivable. Malgré tout, les populations continuent de vaquer à leurs occupations. Un marché bondé de monde, motos, crissement de pneus de cars et bus TATA, sonorisation depuis les boutiques emplissent l’espace. La pluie s’annonce déjà, mais comme d’un coup de baguette le ciel s’est dissimuler laissant place à la canicule.

Un tour dans les rues de Grand Yoff a permis de constater que la psychose n’a pas fini de s’installer chez les populations. Des murs ériger devant les concessions et les lieux de commerce avec une hauteur considérable. Dans cette architecture préventive, des escaliers faits à partir de briques sont installés pour faciliter l’accès à ces zones d’habitation et d’activités économiques.

Non loin du bassin de rétention de la commune de Grand Yoff, tous ont pris leur disposition. Trouvé assis devant une boulangerie, Modou Seye, coiffé d’une casquette en noir, couleur du reste de ses habits, la quarantaine est un livreur de pain : « nous avons tous les problèmes du monde durant la saison des pluies. Moi, je livre du pain à Dakar et dans certains villages près de Mbour. C’est le calvaire total, car les routes sont impraticables à cause des inondations. On perd plus qu’on gagne ».

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D’un air soutenu de tristesse et de regrets face à cette situation, les yeux rivés sur son téléphone, il ne manque pas lancer un appel aux autorités. Il soutient également que c’est devenu une chose naturelle chez les populations de Grand Yoff.

A coté de ladite boulangerie, la propriétaire du salon de coiffure Sope Serigne Fallou Mbacké a également pris les dispositions nécessaires. Il faut un véritable parcours pour accéder dans ce lieu de beautés. Il faut franchir des marches disposées des deux côtés du mur érigé à la devanture dudit salon.

Un climat frais qui contraste avec l’extérieur retient l’attention. Accueilli par la fille de la responsable des lieux, cette dernière dit venir des Parcelles Assainies. Elle n’a pas trop voulu parler du sujet parce que « elle n’a jamais vécu une situation d’inondation à Grand Yoff ». Toutefois, la jeune demoiselle avance que sa mère se prépare en conséquence.

Quand l’urbanisation de Dakar impacte Grand Yoff

Une situation que déplore Tony Gomis, habitant de Grand et qui par le passé (en 2014) s’est présenté à l’élection municipale. Il revient sur les calvaires vécus par les populations de sa commune et expose les principales causes : « A chaque période pré-hivernale, on commence à acheter des briques pour faire barrages à l’eau. Les gens se préparent en conséquence. Vous avez fait le constat dans le quartier. Chaque année, on est obligé de soulever les murs. Ce qui est triste et déplorable. C’est invivable. Le problème est que Zone de captage ne devait pas être vendu. C’était un espace vert que Senghor n’a jamais touché, car c’était une zone de récupération d’eau. On ne peut exercer nos activités commerciales dans ce secteur. On est à 15 m du bassin de rétention qui a été construit milieu du quartier. On vit cette situation et on n’a jamais été dédommagé ».

Selon lui, les gens s’y préparent déjà et que cela est dû à une mauvaise urbanisation de Dakar. « On va bientôt vivre le même calvaire. On a toujours été inondé à Grand-Yoff à cause des habitations allant de Nord-Foire à Liberté 6 extension en passant par Camp pénal et Grand-Médine. Tous ces quartiers participent nous inondent. Ils n’ont pas de canalisation. Ce qui fait donc que toutes les eaux pluviales se déversent à Grand-Yoff. En termes techniques, Grand-Yoff est une cuvette », a-t-il narré avec regrets.

Un tour à la zone de captage est un tremplin pour saisir la narration du sieur Gomis sur la situation vécue par les populations de Grand-Yoff à chaque saison des pluies. Entre le centre Talibou Dabo et HOGYY, le constat frappant reste le ruissellement des eaux usées alors que Dakar n’a pas encore de fortes précipitations. A cela s’ajoute, des caniveaux à ciel ouverts et des grilles-avaloires presque endommagées.

24 milliards FCFA pour la restructuration et le reprofilage de la zone de captage

A la Zone de captage, réceptacle des eaux de pluies, le bassin est encore rempli d’eau. Des immeubles autour de la cuvette plantent le décor de la cité. De la poubelle, des plantes et eaux se mélangent donnant une odeur nauséabonde. Abdou Karim, la trentaine révolue indique que les inondations font leur lot de conséquences. A l’en croire, c’est une évidence « puisque le bassin va se remplir avec l’arrivée des eaux de canalisation en plus de la pluie ».

Un autre résident de la cité, Moussa Fall de la même tranche d’âge que Karim rappelle les raisons de l’installation d’un tel bassin : « à l’origine, ce bassin a été érigé pour seulement capter les eaux pluviales, les eaux de ruissellement mais aujourd’hui, il reçoit des eaux usées et des eaux vannes. Ce qui n’est pas normal du tout. Car, les eaux usées et les eaux vannes ont leurs propres réseaux déployés par l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) ».

L’Etat du Sénégal a engagé vingt-quatre milliards de FCFA pour la restructuration et le reprofilage de la zone de captage dans le cadre de la lutte contre les inondations à Dakar. L’annonce est du Premier ministre, Amadou Bâ, qui effectuait une visite de pour constater l’état d’avancement des travaux entamés sur ce bassin de rétention d’eaux pluviales de 9 hectares en fin de juin 2023. « Nous sommes à la veille de l’hivernage et la zone de captage constitue un point très sensible pour le département de Dakar », a-t-il dit lors de sa visite.

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