2e mandat de dépôt pour Moustapha Diop : les minutes de son audition
Les choses se compliquent pour Moustapha Diop. Déjà inculpé et envoyé en prison par la commission d’instruction de la Haute Cour de justice dans le cadre de la gestion des fonds destinés à la lutte contre le Covid-19, l’ancien ministre du Développement industriel et des Petites et moyennes industries (Pmi) fait l'objet d'un deuxième mandat de dépôt. Extrait de prison hier, jeudi, il a comparu devant le Pool judiciaire financier (Pjf) dans le dossier impliquant l’inspectrice du Trésor, Tabaski Ngom, ancienne Agent comptable particulière (Acp) de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse). Au terme de son audition, il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt par le président du Collège des juges d’instruction, Idrissa Diarra, pour association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics, blanchiment de capitaux portant sur 300 millions de FCfa.
Dans les coulisses de son audition
Selon des sources de L’Observateur, l’audition n’a pas trop duré. «C’est un Procès-verbal (Pv) d’inculpation, précise un de ses avocats, donc le Juge t’inculpe et te notifie les faits qui te sont reprochés. Il n’y a pas de Pv d’enquête. Malheureusement, il a deux mandats de dépôt.» Face au Juge instructeur, le député-maire de Louga a balayé d’un revers de la main les accusations portées contre lui. «Les 300 millions de FCfa ne se justifient pas et Moustapha les contestent», explique un de ses avocats. Dans sa défense, Tabaski Ngom a toujours dit détenir une décharge signée par l’ancien ministre. Une décharge qu’elle aurait d’ailleurs versée au dossier. Face au parquet, Moustapha Diop a démonté les arguments de Tabaski Ngom, soutenant que ladite décharge était fausse. Après son placement sous mandat de dépôt, ses avocats ont décidé de se concerter pour étudier l’éventualité du dépôt d’une caution.
Dans cette affaire, Tabaski Ngom est poursuivie pour détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux estimés à près de 700 millions de FCfa au sein de l’Agence d’aménagement et de promotion des sites industriels (Aprosi). Cité dès les premières heures de l’affaire, Moustapha Diop aurait, selon Tabaski Ngom, bénéficié d’une partie des fonds détournés pour financer sa campagne électorale lors des dernières Législatives. Inculpée et placée sous mandat de dépôt depuis janvier 2025 pour «association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux et détournement de deniers publics», l’inspectrice du Trésor n’a cessé de réclamer l’audition de l’ex-ministre, affirmant avoir agi sous son influence.
Si la comparution du maire de Louga a tant traîné, c’est qu’en juillet dernier, dans une ordonnance, le président du Collège des juges d’instruction, en charge du dossier, s’est déclaré incompétent pour entendre Moustapha Diop. Le Procureur financier, qui n’était pas du même avis que le président du Collège des juges d’instruction, avait fait appel de cette décision. Le 30 juillet 2025, la Chambre d’accusation financière de la Cour d’appel de Dakar a infirmé cette décision, suivant le réquisitoire du ministère public en ordonnant l’inculpation de l’ancien ministre. Une décision que le Juge a décidé d’appliquer. Et Moustapha Diop a été interrogé hier et placé sous mandat de dépôt.