Le charlatan, le boa et la fillette de 12 ans : le rituel mystique qui vire au viol
Le charlatan, avec son boa, isole la fille et verse un liquide sur ses parties intimes
C'est L'OBS, qui donne l'affreuse nouvelle. Une collégienne de 12 ans, une famille bouleversée, un charlatan sûr de lui, des bains mystiques, un boa sorti d’un sac… puis l’isolement de la fillette, un liquide versé sur ses parties intimes, une pénétration. Le cauchemar commence le 2 juin 2022, devant une boutique du quartier Taïba 2 à Keur Massar.
Il a appaté sa victime avec des bonbons
D'après le récit de L'OBS, A. Pouye, élève en classe de 6ᵉ, née en 2009, va acheter des mangues avec une amie lorsqu’un homme à bord d’un scooter les aborde. Il se présente comme M. Sarr et prétend pouvoir “lire l’avenir” de la jeune fille. Parlant de djinns hostiles, de rêves effacés et de chance contrariée, il tente de séduire sa victime. Pour appâter l’amie, il lui donne de l’argent pour acheter des bonbons. Puis il réclame des feuilles de ‘’poftane (pommier de Sodome)’’, un ingrédient central dans les rituels mystiques, et prend le numéro de téléphone de la fillette. À son retour avec les feuilles, le charlatan a disparu.
De retour chez elle, la fillette répète de façon obsessionnelle qu’il faut “aller chez le marabout”. Sa mère s’inquiète et, le lendemain, convainc le père de la laisser retrouver M. Sarr dans sa maison de location près du terrain de foot. La mère et la tante la suivent discrètement. Sur place, le faux marabout reçoit la fillette et ses accompagnatrices. Il effectue une courte séance de voyance, affirmant détecter des forces maléfiques autour de l’enfant et qu’il peut les exorciser.
Il envoie la mère cueillir sept feuilles de ‘’poftane’’, tandis que la tante paternelle doit lui apporter l’argent destiné au rituel. À l'issue de cette séance, M. Sarr demande la permission à la mère d'emmener sa fille chez lui pour continuer le travail entamé afin de la débarrasser définitivement du diable. Se retrouvant seul avec la fillette, il lui remet un liquide lubrifiant et lui ordonne de l’appliquer sur ses parties intimes, après avoir soulevé sa robe.
Il lui demande ensuite de plonger un doigt dans son sexe jusqu’à ce que du liquide en sorte. L’arrivée impromptue de la mère interrompt le “rituel”. Le charlatan lui remet alors un bidon contenant un liquide à utiliser chez elle. Quelques heures plus tard, M. Sarr se rend au domicile familial de la jeune fille. Devant le père, la mère, la tante et la fillette, il sort un boa de son sac, le plonge dans une bassine d’eau et ordonne à tous de se baigner avec cette eau. L’ambiance est lourde, presque hypnotique.
À l’issue du bain collectif, il effectue un rituel sur le père, affirmant pouvoir soigner une maladie mystique de sa jambe et réclame 50 000 FCfa pour l’achat d’une chèvre et d’un linceul sur lequel le père devra se coucher pendant sept jours. Le même rituel est appliqué à la fillette, mais cette fois-ci, le marabout demande à rester seul avec elle.
Les conféssions déchirantes de la victime
M. Sarr déroule alors la seconde partie de son plan. Lors de son audition à la Gendarmerie de Keur Massar, la victime raconte : «Il m’a demandé de me déshabiller pour un bain de purification. Puis il m’a dit de m’allonger nue. Il a versé un liquide lubrifiant sur mon sexe et m’a demandé de mettre un doigt dedans. Ensuite, il est monté sur moi…» Elle décrit la pénétration, la douleur, puis le rinçage imposé par le marabout avant qu’il ne lui demande de se rhabiller et de partir. Plus tard, M. Sarr revient chez la famille pour récupérer sa moto et encaisser l’argent demandé pour le “traitement” du père.
Le 12 juin, M. Sarr est interpellé près du Lycée de Recasement et placé en garde à vue. Il reconnaît avoir organisé les rituels, utilisé un serpent et réclamé de l’argent, mais nie le viol. Ses propos sont contredits par les témoignages de la fillette et de sa mère. Il est placé sous mandat de dépôt, puis traduit devant la Chambre criminelle pour viol, pédophilie et charlatanisme.
Le parquet a requis 10 ans de réclusion criminelle pour viol
Mardi, devant la Chambre criminelle de Pikine-Guédiawaye, l’accusé se présente comme chauffeur, vendeur de poissons et marabout. Le ministère public réclame 10 ans de réclusion criminelle pour viol sur mineure de moins de 13 ans, pédophilie et charlatanisme, soulignant la domination psychologique exercée sur la victime. Après plusieurs heures de débats, le tribunal a mis l’affaire en délibéré au 6 janvier 2026.