La loi du Talion
Oeil pour oeil, dent pour dent. Le gouvernement sénégalais a décidé d’opposer un principe strict de réciprocité à la France en gelant leur accord d’extradition. L'annnce est faiten ce jeudi la garde des Sceaux, Yacine Fall, devant l’Assemblée nationale, à l’occasion de l’examen du budget 2026 de son département arrêté à 81,01 milliards FCfa.
Auparavant, la miinstre a rappelé que le Sénégal et la France sont liés par une convention de coopération judiciaire datant de 1974, « modernisée » en 2021. Elle cite l’article 59 comme pour enfoncer le clou : les deux pays se sont engagés à se «livrer réciproquement» les personnes poursuivies ou condamnées. Puis elle en arrive à l’exemple qui fait mouche : le mandat d’arrêt émis par l’Etat du Sénégal contre Madiambal Diagne.
Haro sur une convention de coopération judiciaire datant de 1974
Elle en détaille la nature juridique, non, un mandat n’est pas synonyme d’incarcération ; oui, il doit permettre qu’un individu soit présenté à la justice. Et lorsqu’elle relève que la France semble ne pas donner suite, sa question tombe, nette, froide, sans effets de manche : «Quelle est la position du Sénégal face à l’attitude de la France ? ». Répondant à cette interpellation, la Garde des Sceaux et ministre de la Justice est sans détour. Elle confirme l’existence des accords avec la France, mais rappelle d’emblée un principe intangible : «Le Sénégal n’extrade pas ses citoyens.»
Elle enchaîne avec des chiffres précis, qu’elle cite comme des preuves irréfutables : «Nous avons reçu 19 demandes d’extradition françaises entre 2024 et 2025, dont 3 exécutées, 4 refusées et 12 restées sans suite». Puis elle bascule sur le cœur du problème. Car si la France réclame régulièrement des extraditions, le Sénégal en demande lui aussi, notamment pour deux ressortissants sénégalais actuellement en France, dont il exige le retour. Et malgré les dossiers «dûment justifiés», affirme-t-elle, Paris ne s’exécute pas.
«La réciprocité va s’appliquer»
«Nous avons décidé de suspendre toute extradition vers la France jusqu’à ce qu’elle réponde à nos demandes», rembobine-t-elle. Dans les rangs, quelques murmures se font entendre. La ministre poursuit, imperturbable. Elle précise que les personnes recherchées par la France et coupables de crimes sont bel et bien arrêtées au Sénégal. Mais tant que la France ne jouera pas sa part dans l’accord, elles ne seront plus remises. Elle chute sur une formule qui résonne comme un avertissement : «La réciprocité va s’appliquer».