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Sénégal : le secteur de l’anacarde en chute…

PAR Amadou Sabar BA

Cela est favorisé par une région tropicale qui offre des conditions favorables avec des sols bien drainés. Cependant, cette production, bien qu'elle soit une activité croissante et prometteuse, elle reste confrontée à plusieurs difficultés qui freinent son plein développement.   Parmi les facteurs bloquants, il y a le manque d’infrastructures de transformation locale. La majeure partie de la noix de cajou produite au Sénégal est exportée à l'état brut, faute de moyen de valorisation.

Depuis 2022, les acteurs de l’anacarde ont contracté des crédits auprès des banques pour financer leurs activités. Alors que le marché ne cesse de chuter. Les ventes ont baissé à cause de la mévente. « Il y a un problème de financement des infrastructures. Et pourtant l'ADEPME, agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises avait pris l'initiative. Mais après le changement de régime, elle n'a pas pu continuer ses activités » a laissé entendre le président de l'interprofession Kajou du Sénégal par ailleurs vice-président de l'alliance Kajou africaine. Boubacar Konta de rappeler que cette situation est causée par les difficultés de remboursements auprès des banques avec la chute du marché d’où les difficultés de revente.

Face à cette problématique, l’interprofession a pu faire plusieurs propositions aux autorités sénégalaises notamment les institutions financières même si le problème « n’est pas dépendant de la volonté du gouvernement ». Les producteurs achetaient le kilogramme de la noix à 1,7 euros  (1105F CFA). Au moment de la vente, les prix ont dégringolé et le KG acheté à 0,61 euros (400 F CFA). Ce qui est à l’origine des difficultés auxquelles sont confrontées les acteurs de la filière. Pourtant, cette année, les chinois ont acheté.

Pour l’année 2024 où les difficultés sont constatées, les prix sont arrivés à 1,7 euros (1105 F CFA)..  Les chinois semblent profiter de cette période de soudure  avec des propositions de meilleurs prix aux producteurs dans un contexte où les paysans étaient dans une hantise de potentielles méventes. « Si je vous donne le cas de cette année, au début de campagne, ils (Ndlr :les chinois) ont acheté entre 0,46 à 0,77 euros le kilogramme. Mais ils ont revendu à 1,38 euros. Tout cela pour que les indiens ne puissent plus dominer ce secteur-là. Je pense qu’il faut une politique de l'État avec l’octroi de crédits aux sénégalais. C'est-à-dire que l'État accompagne les sénégalais à avoir des unités de transformation » plaide le vice-président de l'alliance Kajou  africaine.

Pour ces acteurs du secteur, le besoin le plus pressant, c’est d’avoir les moyens pour pouvoir transformer la production. Ce qui permettra de diminuer l’exportation des produits bruts qui favorise le chômage et impacte la politique d’emploi. « Une unité de transformation peut faire 300 à 600 emplois. Donc aujourd'hui, ce qu'on demande à l'État du Sénégal, c'est vraiment d'accompagner les initiatives de transformation et voir en quelle mesure les commerçants et les banques distribuent des ententes ou des clauses qui peuvent permettre de solder ce qui a été pris et aussi continuer dans la commercialisation », ajoute Boubacar Konta qui rappelle que la filière est bien structurée avec une interprofession qui est composée de trois filières, de trois collèges notamment les producteurs, les transformateurs et les commerçants.

« l’anacarde occupe une place prépondérante dans notre économie rurale et nationale…. »

Malgré les difficultés notées, la filière agricole qui est en plein essor est un vrai levier stratégique pour le développement économique du Sénégal. Elle est d’ailleurs génératrice de croissance soutenue créant des emplois et améliore les conditions de vie des populations surtout celles de la Casamance. L’anacarde joue ainsi un rôle important dans la réduction du déficit commercial grâce aux revenus substantiels issus des exportations de noix d’anacarde.

La production de noix de cajou a enregistré e160.000 tonnes en 2023. Cette production a connu une hausse vertigineuse comparée à l’année 2022, où elle était établie à 87.000 tonnes, représentant une valeur financière de 95 milliards francs CFA soit 144,8 millions d’euros environs.

Ainsi, les exportations d’anacarde ont bondi de 31.871 tonnes en 2018 à 148.443 tonne en 2023, soit une forte hausse de 366%. En termes de valeurs, « les exportations de noix en coque sont passées de 44.754 dollars américains (USD) (27 081 576 283 francs CFA) en 2018 à 86.533 000 dollars américains (USD) (52 362 918 186 francs CFA )en 2023, tandis que celles des noix sans coque ont progressé de 509.000 dollars américains (USD ) (308 006 487 francs CFA) en 2018 à 1.057 .000 USD (639 612 685 francs CFA) en 2023”, a informé le directeur  de l’Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations, (ASEPEX) en marge d’un atelier tenu à Ziguinchor, dans le Sud du Sénégal.

Ces initiatives de l’État ont été sanctionnées par des résultats positifs durant ces dernières années d’où l’importance cruciale de la filière anacarde. Et la Casamance, à elle seule, ‘’représente plus de 95% de la production nationale d’anacarde’’.

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