Le contexte médical et social
Le carcinome hépatocellulaire, principal cancer du foie, survient le plus souvent sur un terrain de cirrhose liée à l’alcool, aux hépatites virales ou à la stéatose métabolique. Depuis des années, les spécialistes insistent sur l’importance du dépistage régulier par échographie chez les patients à risque. Mais dans la pratique, seuls les patients suivis de près par des équipes spécialisées en bénéficient. Les plus précaires, souvent exclus du parcours de soins, voient leur cancer découvert tardivement, lorsque les traitements sont moins efficaces.
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Une étude qui fait le lien entre génétique, biologie et inégalités
L’étude coordonnée par le Pr Pau Sancho-Bru (Université de Barcelone) a analysé plusieurs cohortes de patients atteints de cancer du foie. Elle montre que les facteurs biologiques (comme l’expression du biomarqueur GDF15 dans l’hépatite alcoolique sévère) se combinent aux déterminants sociaux pour aggraver le pronostic. D’autres recherches confirment que certains variants génétiques (PNPLA3, TM6SF2, APOE) augmentent fortement le risque de carcinome hépatocellulaire. Mais même avec ces prédispositions, l’accès au dépistage, au traitement antiviral ou à la greffe reste décisif. « Le cancer du foie illustre parfaitement le poids des inégalités sociales en médecine », souligne le Pr Stefan Stender, auteur principal d’une méta-analyse génétique sur plus de 6 500 cas.
Exemple concret : deux patients, deux destins
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Prenons deux hommes de 58 ans atteints de cirrhose liée à l’alcool. Le premier, cadre suivi régulièrement à l’hôpital, bénéficie d’une échographie semestrielle : son carcinome hépatocellulaire est détecté à un stade précoce et traité par radiofréquence, lui offrant une survie de plusieurs années. Le second, travailleur précaire sans suivi régulier, consulte aux urgences pour des douleurs abdominales : son cancer est déjà avancé, avec métastases. Dans son cas, seules les thérapies palliatifs sont possibles. L’écart de survie n’est pas lié à la biologie, mais au parcours de soins.
Le cancer du foie en bref
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Le carcinome hépatocellulaire est le 3ème cancer le plus mortel au monde. Ses principaux facteurs de risque sont : la cirrhose (alcool, hépatite B ou C, maladie du foie gras métabolique) ;le sexe masculin ;le tabac et l’obésité. Les symptômes apparaissent tardivement (amaigrissement, douleurs, jaunisse, ascite). D’où l’importance du dépistage semestriel chez les patients cirrhotiques.
Quelles implications pour demain ?
Ces travaux confirment que la lutte contre le cancer du foie ne peut se limiter à la recherche biologique ou génétique. Elle doit aussi intégrer une politique de santé publique visant à améliorer le dépistage et l’accès aux soins des plus fragiles. Sans cela, les innovations thérapeutiques risquent de creuser davantage le fossé entre patients. Des études sont en cours pour intégrer des marqueurs génétiques (PNPLA3, TM6SF2) dans des scores de risque et mieux cibler les dépistages. Mais sans équité sociale, l’impact restera limité. Les personnes atteintes de cirrhose (alcool, hépatites virales, maladie du foie gras), les hommes, les fumeurs et les patients obèses.
SOURCE : PasseportSanté