Quand la jeunesse devient la nouvelle zone à risque
Longtemps, les politiques de santé publique ont concentré leurs efforts sur les maladies chroniques des seniors. Mais depuis 2020, les indicateurs de morbidité des jeunes s’aggravent. Selon la vaste étude du Lancet, menée auprès de 204 pays, les décès liés à l’alcool, aux drogues et au suicide progressent chez les adolescents et jeunes adultes, notamment en Amérique du Nord et en Europe. Le Pr Christopher Murray (Université de Washington) parle d’un phénomène “très lié à la montée de l’anxiété et de la dépression, en particulier chez les jeunes femmes”.
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En France : les adolescentes en première ligne
Le dernier rapport de Santé publique France confirme la tendance : les hospitalisations pour tentative de suicide ou automutilation continuent d’augmenter. En 2024, on comptait 674 hospitalisations pour 100 000 jeunes filles de 11 à 17 ans et 424 pour 100 000 chez les 18-24 ans, des taux “largement supérieurs aux autres classes d’âge”. Les gestes concernent majoritairement des auto-intoxications médicamenteuses (77 %).Si le nombre total de décès par suicide reste stable (8 848 en 2023), les pensées suicidaires repartent à la hausse : 5,2 % des adultes déclaraient en avoir eu au cours de l’année, contre 4,2 % en 2020.
Une réalité qui dépasse les frontières
Dans les pays à faible revenu, les causes diffèrent : infections, grossesses précoces et accidents demeurent les premiers facteurs de décès chez les jeunes. Mais partout, les chercheurs parlent d’une “crise silencieuse” aggravée par le coût de la vie, les écrans et la déscolarisation post-Covid. La professeure Emmanuela Gakidou (IHME) alerte : “Sans investissement massif dans la santé mentale et les soins primaires, le fossé entre pays riches et pauvres va se creuser encore.”
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Reconnaître les signes avant-coureurs du passage à l’acte !
La majorité des jeunes en détresse ne parlent pas ouvertement de leurs pensées suicidaires d’où l’importance de repérer les signaux faibles. Selon Santé publique France, les semaines précédant un passage à l’acte sont souvent marquées par: un repli sur soi; une fatigue persistante; une perte d’intérêt pour les activités habituelles. Les proches décrivent parfois des messages d’adieu déguisés, un désinvestissement scolaire, ou une agitation inhabituelle. Chez les adolescents, ces signes peuvent se manifester par :une consommation accrue d’alcool ou de médicaments; des automutilations; ou une exposition plus fréquente à des contenus morbides en ligne.
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Que faire ?
En France, les dispositifs 3114 et VigilanS ont permis de suivre plus de 215 000 appels et 41 000 patients en 2024. Mais les experts appellent à agir plus tôt : intégration systématique du dépistage psychologique dès le collège, encadrement des réseaux sociaux, formation des enseignants. Les experts insistent : toute parole évoquant la mort ou le désespoir doit être prise au sérieux. Écouter sans juger et orienter vers un professionnel médecin, psychologue, infirmier scolaire peut suffire à interrompre la spirale. En cas d’urgence, le numéro 3114 est accessible 24 h/24 et 7 j/7, gratuitement et anonymement. Comme le souligne Dr Githinji Gitahi (Amref Health Africa), “les approches cloisonnées échouent : la santé mentale doit devenir une priorité intégrée de la jeunesse.”Les adolescentes présentent plus de troubles anxieux et de stress post-pandémique ; elles recourent souvent à l’auto-intoxication médicamenteuse, facilement accessible. Isolement, propos fatalistes, troubles du sommeil ou changements d’humeur doivent conduire à consulter un médecin ou à appeler le 3114.
SOURCE : PasseportSanté