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Les femmes vraiment programmées pour souffrir plus ?
Dans l’imaginaire collectif, les femmes seraient « programmées » pour endurer plus de souffrance. Or, jusqu’ici, les travaux scientifiques restaient contradictoires. Certains montraient une sensibilité accrue chez les femmes, d’autres soulignaient une tolérance plus forte. La nouvelle étude, en se concentrant sur la réponse nerveuse autonome, apporte un éclairage inédit.
Six minutes dans l’eau glacée pour briser un tabou
Les chercheurs ont recruté 18 jeunes adultes en bonne santé (9 hommes, 9 femmes), âgés de 20 à 33 ans. Tous ont plongé une main dans de l’eau glacée (4 °C) pendant six minutes, une durée extrême pour ce test dit du cold pressor test. Durant l’épreuve, la douleur (cotée de 0 à 10), la fréquence cardiaque, la tension artérielle et l’activité nerveuse sympathique musculaire (AMS, reflet de l’activation du système « combat ou fuite ») ont été enregistrées. Résultat : chez les hommes, la douleur était fortement corrélée à l’accélération cardiaque, signe d’un retrait du contrôle parasympathique. Chez les femmes, en revanche, la douleur s’accompagnait d’une forte activation de l’AMS, reflet d’une réponse purement sympathique. Autrement dit, les deux sexes souffrent, mais via des mécanismes différents.
Ce que ça change concrètement dans la vie des patients
Prenons l’exemple d’une femme de 30 ans souffrant de douleurs lombaires chroniques : son système nerveux sympathique pourrait amplifier la douleur, favorisant une hypersensibilité au fil du temps. À l’inverse, chez un homme du même âge, la modulation de la douleur passerait davantage par la variabilité cardiaque. Ces différences physiologiques pourraient expliquer pourquoi les femmes sont plus nombreuses à souffrir de douleurs chroniques.
Le cerveau et les nerfs dictent-ils notre tolérance à la douleur ?
La douleur chronique (=3 mois) implique le système nerveux autonome, qui régule à la fois le stress et la tension artérielle. Chez les femmes, l’hyperactivité sympathique pourrait maintenir la douleur, alors que chez les hommes, le facteur clé serait un déséquilibre parasympathique. Ce contraste éclaire aussi les inégalités de prévalence : migraine, fibromyalgie ou arthrite touchent majoritairement les femmes.
Vers des traitements antidouleur différents pour hommes et femmes ?
Pour les auteurs, ces résultats devraient guider de nouvelles approches thérapeutiques : cibler le système sympathique chez les femmes, renforcer la régulation parasympathique chez les hommes. Mais attention : l’étude reste limitée (18 participants seulement), et les chercheurs appellent à confirmer ces observations sur de plus larges cohortes.
Comme le résume le Pr Jeffrey Mogil, coauteur : « La question n’est plus de savoir qui souffre le plus, mais comment chacun souffre ». Les femmes supportent-elles mieux la douleur que les hommes ? Pas forcément : l’étude montre que les femmes réagissent différemment, avec une activation plus forte du système nerveux sympathique. Pourquoi les femmes sont-elles plus touchées par la douleur chronique ?Leur système nerveux autonome tend à entretenir la douleur, ce qui pourrait expliquer la prévalence plus élevée de fibromyalgie ou de migraines. Peut-on adapter les traitements de la douleur selon le sexe ?Oui, c’est une piste. Les chercheurs suggèrent de cibler différemment le système nerveux chez hommes et femmes, mais des études plus larges sont nécessaires.
SOURCE : PasseportSanté