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Hypersensibilité : 6 idées reçues passées au crible

On parle de plus en plus d’hypersensibilité, souvent confondue avec une simple émotivité excessive. Pourtant, ce trait de personnalité recouvre une réalité bien plus complexe. Il touche de nombreuses personnes sans pourtant relever d’une pathologie. Parfois difficile à vivre, mal comprise par l’entourage, l’hypersensibilité soulève encore de nombreuses idées reçues. Le Dr Guillaume Fond, psychiatre et enseignant-chercheur en psycho-nutrition à l’AP-HM, fait le point sur ce phénomène.

1. Être hypersensible, c’est juste être trop émotif. Faux

Ce n’est pas l’intensité des émotions qui pose problème, mais la manière dont elles sont régulées. « Le vrai terme serait trouble de la régulation émotionnelle. L’émotion, au lieu d’être ressentie puis digérée, reste bloquée. Elle envahit tout l’espace mental, et devient difficile à métaboliser », explique le Dr Fond. L’émotion ne disparaît pas, elle persiste, s’amplifie, et finit par gêner la personne dans sa vie quotidienne.

Hypersensibilité : 6 idées reçues passées au crible

2. Les hypersensibles sont forcément introvertis. Faux

L’introversion n’est pas une caractéristique universelle des hypersensibles. C’est plutôt une stratégie d’adaptation à un environnement qui n’a pas accueilli les émotions de manière bienveillante, notamment durant l’enfance. « Ce repli peut être une réponse à un environnement invalidant, mais on peut être hypersensible et très extraverti », précise le psychiatre. Ce trait n’a donc rien d’automatique.

Hypersensibilité : 6 idées reçues passées au crible

3. L’hypersensibilité peut entraîner fatigue et anxiété. Vrai

Le corps des personnes hypersensibles est souvent en état d’hypervigilance. Palpitations, sueurs, tensions musculaires, troubles du sommeil ou de l’attention sont fréquents. « Cette consommation d’adrénaline constante épuise l’organisme, favorise l’anxiété et peut conduire à un état dépressif si elle n’est pas prise en charge », alerte le Dr Fond. Ce n’est donc pas qu’un inconfort émotionnel, mais une vraie charge physiologique.

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4. Les hypersensibles réagissent toujours de façon excessive. Faux

Hypersensibilité : 6 idées reçues passées au crible

Tous les hypersensibles ne réagissent pas de manière visible. Certains intériorisent fortement, quitte à se couper de leurs émotions. « Ce n’est pas forcément mieux, car cette inhibition a un coût psychique élevé. Ce n’est pas parce qu’on ne montre rien qu’on ne ressent rien », souligne le Dr Fond. L’hypersensibilité peut donc se manifester par une surcharge mentale silencieuse, mais bien réelle.

5. L’hypersensibilité est un trouble mental reconnu. Faux

Hypersensibilité : 6 idées reçues passées au crible

« Ce n’est pas une maladie, mais un trait de personnalité », insiste le Dr Fond. L’hypersensibilité devient un problème seulement lorsqu’elle nuit au fonctionnement quotidien. Lorsque celle-ci provoque une souffrance ou interfère avec la vie sociale ou professionnelle. Dans ce cas, on parle de trouble de régulation émotionnelle, mais ce n’est pas un diagnostic psychiatrique officiel.

6. Elle est parfois confondue avec une maladie mentale. Vrai

Le trouble de la personnalité borderline est parfois confondu avec l’hypersensibilité. Les deux partagent certaines manifestations (intensité émotionnelle, peur de l’abandon…), mais la gravité n’est pas comparable. « Dans les cas pathologiques, il y a des comportements autodestructeurs, des difficultés majeures dans la stabilité professionnelle et affective. Ce n’est pas le cas de toutes les personnes hypersensibles », précise le psychiatre.

Hypersensibilité : 6 idées reçues passées au crible

L’hypersensibilité n’est pas une pathologie, donc il n’existe pas de test diagnostique officiel. « On peut avoir des questionnaires ou des grilles d’auto-évaluation, mais cela reste subjectif. Il s’agit davantage d’un ressenti personnel que d’un trouble mesurable. La prise en charge repose sur l’écoute et la psychothérapie si besoin, ainsi que sur des compléments alimentaires ayant montré une efficacité sur la régulation des émotions comme les oméga-3 et la vitamine D », conclut le psychiatre. Le rôle de l’axe intestin-cerveau et du nerf vague est également en cours d’exploration.

SOURCE : Santé sur le Net

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