Keur Massar a été le théâtre d’un drame glaçant, à la frontière du supportable. Mariama Coulibaly, une Guinéenne d’une trentaine d’années, a été inhumée le samedi 2 août dans un silence pesant. Aucun proche, aucun parent, aucun membre de la communauté guinéenne n’était présent. Elle a été enterrée par quelques habitants du quartier Taïba 2, dans la solitude la plus totale. Une fin aussi tragique que sa vie. Tout a commencé en Guinée-Conakry, où Mariama avait rencontré son futur mari, ouvrier agricole dans les plantations d’anacardiers de sa famille. Le couple émigre au Sénégal en 2020 avec leur premier enfant, un garçon. Une fille viendra agrandir la famille trois ans plus tard. Mais derrière les murs du foyer à Taïba 2, l’amour cède vite la place à la violence.
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Les querelles sont fréquentes, brutales, connues de tout le voisinage. « Il la frappait pour un oui ou pour un non », confie un colocataire, encore sous le choc. Le 18 juillet 2025, la violence franchit un point de non-retour. Mariama est rouée de coups sous les yeux de ses deux enfants, âgés de 5 et 3 ans. Cette fois, elle ne s’en relèvera pas. Clouée au lit, incapable de se déplacer, elle agonise sans soins. Son mari, conscient de la gravité de ses actes, prend la fuite en pleine nuit. Ce sont les colocataires de la victime qui découvrent son état alarmant et alertent le délégué du quartier. Une chaîne de solidarité s’organise pour la transporter en urgence au poste de santé local, puis au centre de santé de Keur Massar. Trop tard. Mariama décède quelques jours plus tard, dans l’anonymat. La gendarmerie de Keur Massar ouvre immédiatement une enquête. Une autopsie est ordonnée à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff. Le verdict tombe enfin Mariama est morte d’une péritonite aiguë généralisée, conséquence probable des coups reçus. Sans famille ni repère, c’est la communauté locale qui prend en charge les dernières démarches.
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Le délégué du quartier et l’imam Mohamed Chérif Bâ procèdent à l’inhumation, comme le veut la tradition musulmane. Malgré les messages diffusés sur les réseaux sociaux, aucun membre de sa famille ne se manifeste. Ses deux enfants, devenus orphelins de fait, sont provisoirement pris en charge par une colocataire de la défunte, dans l’attente d’un contact avec des proches, probablement originaires de Koumbia Gaoual en République de Guinée. Pendant ce temps, le mari violent reste introuvable. Un avis de recherche a été émis. Les autorités appellent toute personne disposant d’informations à se rapprocher des forces de l’ordre.