L’acte est ignoble et choquant. A. Konté, S. Bâ et S. Ndao, ces trois jeunes garçons âgés de 12 ans ont été transformés en objets sexuels par leur maître coranique, Mouhamed Habibou Guèye. Chargé de les instruire, ce dernier profitait de ces moments pour abuser de ces jeunes «talibés». Selon les accusations, il les obligeait même à avoir des rapports sexuels entre eux. Après avoir satisfait sa libido, le maître coranique récupérait le sperme qu’il aurait utilisé à des fins mystiques. Des accusations que Habibou a niées en bloc, hier mardi, devant la Chambre criminelle de Dakar. Poursuivi pour charlatanisme, détournement de mineur, pédophilie, viol et acte contre nature, le marabout crie au complot. Selon ses déclarations, cette histoire est montée de toutes pièces par les parents des victimes qui ont une dent contre lui.
«Il m’a dit qu’il avait besoin de mon sperme…»
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Habibou savait comment attirer ses victimes dans ses filets. Pour les appâter, le charlatan leur promettait des lendemains meilleurs grâce à ses dons mystiques. Mais pour ce faire, il leur fait croire qu’il aurait besoin de leur sperme. S. Bâ, jeune footballeur qui rêve de signer pro, va mordre le premier à l’hameçon vers les années 2008. «Un jour, il m’a demandé de le rejoindre dans sa chambre, de monter sur le lit. Il m’a déshabillé et a commencé à me caresser. Il a introduit son doigt dans mon derrière avant de me pénét… avec son sexe jusqu’à éjaculation. Après avoir éjaculé, il se nettoyait à l’aide d’un mouchoir pour récupérer le sperme. Il remettait le mouchoir dans un bocal rempli d’eau… J’avais 12 ans», déballe celui qui a maintenant 29 ans. Selon toujours ses accusations, le maître n’en était pas à son coup d’essai. Il dit avoir passé plusieurs nuits chez son marabout au cours desquelles les actes se seraient répétés.
«Il me l’a fait à plusieurs reprises. Parfois c’est moi qui le pénét… Après chaque séance, il me remettait de l’argent. Il m’avait acheté un téléphone portable et des chaussures», confie l’homme. A son tour, S. Ndao a témoigné avoir subi le même supplice que son camarade «talibé». «Il m’a fait savoir qu’il avait besoin de mon sperme. Au début il me faisait des attouchements, me demandait de lui faire une sucette et faisait de même avec moi. On finissait par avoir des relations sexuelles. Un jour, c’est lui qui me pénét…, les jours d’après, c’est moi…», charge le plaignant. Plus chanceux que ses amis, A. Konté raconte qu’il n’a subi que des attouchements. «Il ne m’a jamais péné... Il se limitait juste aux caresses et frottait parfois son sexe entre mes testicules jusqu’à éjaculation», confie A. Konté. Selon toujours les accusations, le marabout obligeait les garçons à entretenir des relations sexuelles entre eux en sa présence. Ces faits se sont déroulés à Ouakam.
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«J’ai porté plainte après qu’il m’a traité de goor-djiguene »
Leur calvaire a duré 12 ans. De 2008 à 2020, année de son arrestation, Habibou continuait d’abuser de ces jeunes garçons sous les yeux de leurs parents qui pourtant avaient foi en lui. Mais leur silence a pris fin le jour où l’une des victimes, M. Diagne, a décidé de porter plainte contre le maitre coranique. «Il m’avait traité de goor-djiguene. Une insulte qui m’est resté en travers de la gorge. Si aujourd’hui, je suis efféminé, c’est à cause de lui. Il m’obligeait à avoir des relations sexuelles avec lui. Donc pour le mettre hors d’état de nuire, j’ai décidé de porter plainte pour viol. C’est ainsi que l’affaire a éclaté», a déclaré à l’enquête M. Diagne qui, hier, a brillé par son absence.