Même si certains pensent qu'au nom de la réconciliation, tous les compromis, toutes les compromissions sont permises, cette photo avec ces sourires loin d’être naturels ne peut pas constituer une bonne base pour une entente sincère. Bédié et Ouattara sont des enfants du père Houphouët qui n'a pas su bien gérer son legs en dépit de la sagesse qui le singularisait.
L'image d'Alassane Ouattara posant avec Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo est moche.
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Après sa mort, Ouattara qui pensait être l'héritier naturel a été « coiffé au poteau » par Bédié qui devint président. Bien installé, il entreprit une démarche pour faire le vide et continuer à régner sur la Côte d’Ivoire. L’ivoirité est ainsi née. Elle a été conceptualisée pour écarter ADO. Mais c’était sans compter avec la détermination de ce dernier aidé par d’autres franges importantes de la société ivoirienne. Le coup d’État de 1999 a été ainsi l’aboutissement d’une longue lutte. Bédié tomba. Le soldat Robert Gueï a eu raison de lui avant de vouloir lui aussi « faire le con ».
Venu pour « balayer » selon son propre mot, il a été « balayé » par un Gbagbo en furie. L’opposant qui a enfin accédé au pouvoir, n'a pas longtemps attendu pour tenter le diable. Et le serpent qui a « mordu » ses prédécesseurs l’a atteint. Une rébellion dirigée notamment par Guillaume Soro l’a beaucoup fragilisé. Une réconciliation, un gouvernement d’union nationale et une reprise des hostilités qui ont eu raison de l’opposant historique du père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Ouattara prend le pouvoir après plus de trois mille morts.
Il gagne haut la main et rempile. Il sollicite un troisième mandat et l’obtient après avoir neutralisé Soro son principal allié, ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée. Le voilà qui joue au réconciliateur avec des ennemis devenus amis, des vieux comme lui qui ne veulent pas vieillir. Au nom d’une entente de façade.