L’âge d’or des Coups d’État [Opinion du Contributeur]

On accuse très souvent les militaires et autres révolutionnaires qui prennent le pouvoir en Afrique. Et s’ils avaient raison ? Mon intime conviction est que la plupart d’entre eux n’ont pas tort. Lorsqu’un Président viole la loi et sans vergogne, il mérite d’être destitué. C’est ça la vérité. Les institutions africaines (UA, CEDEAO et autres) ne s’érigent jamais en bouclier pour défendre les peuples quand la constitution est violée. Elles préfèrent dire qu’elles ne se mêlent pas des affaires intérieures. Mais quand les militaires sortent de leurs casernes, tout le monde se lève pour protester.

Ali Bongo, qui dirige, à 64 ans, le Gabon depuis plus de 14 ans, avait été proclamé, quelques instants avant le coup de force, vainqueur de l'élection du 26 août © Eric Feferberg, AFP

Je dis que c’est une honte. Un coup d’Etat ou une révolution n’est pas toujours synonyme de malheur. Il faut qu’on se le tienne pour dit. Toutes les grandes démocraties ou puissances économiques (en commençant par la France) ont connu ce phénomène. Parfois, c’est même un passage obligé. Quand un Président se prend pour Dieu, quand les juges sont corrompus, quand le népotisme s’installe ou que le clan du Président assujettit le reste de la population, il n’y a pas trente-six milles solutions. Seul un coup d’Etat (ou une révolution) peut sauver les masses. C’est le seul moyen de restaurer la justice sociale.

Ce coup d’Etat (ou cette révolution) ne viendra pas des généraux ou des hauts fonctionnaires. Ces derniers sont trop « gâtés » pour comprendre la souffrance des masses. D’ailleurs, ils sont généralement dominés par la suffisance ou l’arrogance. Cette révolution viendra des masses populaires (les jeunes abandonnés ou les vaillants soldats qui luttent sur le terrain). Cette révolution ne viendra jamais des supposés « hommes de justice » à savoir les magistrats ou autres.

Lorsque l’injustice et la corruption deviennent trop flagrantes, un coup d’Etat devient une nécessité. C’est un devoir moral et sacré de se lever pour combattre. Celui qui n’est pas avec le peuple est contre le peuple. Lincoln disait que la démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Autrement dit, la démocratie c’est le pouvoir ou la capacité de choisir son destin. Mais quelle démocratie en Afrique a choisi son dirigeant ? Très peu de pays ont élu démocratiquement un Président dans notre continent. Le dernier en date, c’était Mohamed Morsi et l’Occident a soutenu des militaires pour le renverser. C’est incroyable…

Pour le cas du Gabon, le premier Putsch a eu lieu tout juste après les indépendances. C’est l’armée française qui a barré la route aux putschistes de l’époque pour restituer le Président Léon Mba. Et des années plus tard, la France a fait de Bongo son héritier. L’histoire est très longue. On peut citer le cas de la Centre-Afrique avec Bokassa etc. Les jeunesses africaines ne doivent plus accepter les interventions étrangères sur son sol.

Elles, les laissées pour compte, ne doivent plus vaciller devant les sermons hypocrites du genre : « la paix n’a pas de prix ». C’est faux. La paix a un prix. C’est la justice sociale. Nous ne devons pas avoir la main qui tremble quand il s’agit de réparer une injustice, de rétablir la vérité et le respect de la constitution. Je répète, quand le Président viole la constitution, il mérite d’être mis aux arrêts et cela devrait venir d’en bas (des jeunes ou des soldats).

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Mobutu, Bokassa, Ben Ali, Moubarak, Blaise Compaoré etc… ne doivent plus revenir. Ces hommes symbolisent cette longue farce tragique qui entache notre histoire continentale. Une histoire africaine (pourtant si belle) qui est souillée par des hommes avides de pouvoir (en intelligence avec l’Occident) et quelques dignitaires religieux ou militaires locaux. Dans les pays du Maghreb, les dictatures utilisent la religion pour violer la conscience collective. Les religieux et autres influenceurs justifiaient les humiliations sociales. Au lieu de dénoncer les injustices, ils discutaillent sur « l’importance de la paix » ou d’avancer des thèses farfelues du genre : « celui qui s’oppose au pouvoir est contre la volonté divine », et j’en passe. En vérité, à quoi sert la paix si le peuple a faim ?

Dr Kanté Malao (Philosphe, sociologue)

kantemalao@gmail.com

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