Macron traite les Africains d’hypocrites

Le Président français a entamé, lundi une tournée africaine de quatre jours. Après sa visite à Yaoundé, il se rend au Bénin et en Guinée-Bissau. Très offensif à l’égard de la Russie, il a traité certains Africains de faire preuve « d’hypocrisie » dans le dossier ukrainien.

Emmanuel Macron à Yaoundé

Emmanuel Macron a entamé lundi une tournée africaine qui devra le conduire au Cameroun, au Bénin et en Guinée Bissau. À travers ces visites, le président français entend insuffler un nouvel élan aux relations franco-africaines. En effet, ces dernières années, Paris fait face à une perte d'influence sur le continent africain au profit d’autres puissances telles que les États-Unis, la Chine et la Russie.

Au cours de ce périple, l’un des faits marquants a été sans nul doute ces petites phrases, voire ces piques lancées Macron à l’endroit de la Russie. Très offensif ou très va-en guerre, c’est selon, le président français a déclaré vouloir « tordre le cou à beaucoup de contrevérités » russes sur les raisons de la crise alimentaire mondiale qui connaissent, selon lui, « un certain succès dans les opinions publiques africaines ». Il a profité d’une réunion sur la sécurité alimentaire et sur le rôle du secteur privé, organisée à la résidence de l’ambassade de France à Yaoundé pour charger Moscou. « Ce ne sont pas les sanctions qui ont créé la situation, mais bien la guerre décidée par la Russie. C’est quand même la responsabilité de la Russie, la situation dans laquelle nous sommes », a-t-il déclaré.

L’intervention de Macron a également montré que l’influence russe en Afrique « reste toujours en travers de la gorge » de Paris. Il a dénoncé la propagande de Moscou et son influence sur le continent, symbolisées notamment par la présence de la société militaire privée, Wagner.

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En sus, Emmanuel Macron a pointé du doigt « l’hypocrisie » de certains Africains consistant à ne pas reconnaître clairement « une agression unilatérale » de la Russie contre l’Ukraine.

« Je vois trop souvent de l’hypocrisie, en particulier sur le continent africain (…) à ne pas savoir qualifier une guerre qui en est une et ne pas savoir dire qui l’a lancée », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse commune à Yaoundé avec son homologue camerounais Paul Biya.

Cette déclaration va à coup sûr faire beaucoup de bruit. Certains Africains, notamment souverainistes, devraient la juger comme paternaliste et condescendante.

Les pays à visiter ont été minutieusement choisis. D’abord le Cameroun. Ce pays est dirigé d’une main de fer depuis 40 ans par le président Paul Biya. Le sentiment anti-français n’y est pas important comme dans la plupart des pays de la région. Ensuite le Bénin. Le président français devrait être chaleureusement reçu après les restitutions par la France d’œuvres d’art issues de pillages coloniaux.

Enfin, cette tournée s’achèvera par la Guinée Bissau. Dans ce pays aussi, le Chef d’État français ne devrait pas passer « un sale quart d’heure ». En effet, Macron ne devrait pas être perçu comme le président de l’ex-puissance coloniale, le Portugal.

Face au sentiment anti-français qui a quasiment fini par gagner toutes les anciennes colonies françaises du continent, Paris doit se réinventer. L’image de l’Hexagone a pris de sacrés coups. La dernière déconvenue en date a été son expulsion du Mali.

Dans une chronique qui a comme titre L'Afrique attend-elle Macron ? le journaliste français Anthony Bellanger, a déclaré sur France Inter que Paris doit se départir de son « habitude de régler les questions africaines par le haut, c’est-à-dire en comptant sur des régimes détestés par leurs propres sociétés civiles, comme au Tchad, au Mali ou encore… au Cameroun. […] et son habitude de passer par les militaires pour régler des situations politiques… Ce qui a entraîné le rejet de Paris par une partie des Maliens et des Burkinabés. La Russie n’a même pas eu d’efforts à faire : elle a attendu que le fruit soit mûr ».

Sur le terrain géopolitique et géostratégique, les pays appartenant à ce que les spécialistes de la politique africaine de la France appellent le « pré carré » français s’affirment de plus en plus. C’est ainsi que Yaoundé a récemment signé un accord de coopération militaire avec la Russie. Le voyage diplomatique de Macron coïncide également avec des tournées d’autres puissances rivales.

Serguei Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, se rendra en Égypte, en Ouganda, en République démocratique du Congo et en Éthiopie alors que le représentant spécial des États-Unis, Mike Hammer, sera en tournée en Égypte et en Éthiopie.

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