Manif' réprimée: les heurts ont fait trois morts

Des troubles ont été rapportés dans plusieurs quartiers de la capitale, ainsi qu'à Ziguinchor, en Casamance.

Manifestation

A l'approche des élections législatives, la tension monte au Sénégal. Hier vendredi 17 juin, les manifestations de la coalition Yewwi Askan Wiont dégénéré.

Différents quartiers de la capitale ont été le théâtre d'affrontements entre jeunes lançant des pierres et policiers les tenant à distance à coups de gaz lacrymogènes ou les dispersant à l'aide de grenades assourdissantes dans la fumée des pneus incendiés.

Trois manifestants ont été tués entre Dakar, Ziguinchor et Bignona. C’est d’abord à Colobane où un jeune homme, dont l’identité n’est pas encore connue, est mort complètement calciné. Selon les témoins, c’est une grenade de la police qui serait à l’origine de l’incendie, a indiqué un responsable de la Croix-Rouge sous couvert d'anonymat.

A Bignona, c’est le nommé Alexi Abdoulaye Diatta alias Demba, né en 1988, qui a succombé à ses blessures après avoir reçu une balle lors de la manifestation. Plusieurs personnes ont été blessés. Un autre blessé, du nom de Sylvain Demba, est décédé à Ziguinchor.

De nombreux Sénégalais redoutaient cette montée des tensions depuis que les autorités avaient interdit mercredi à l'opposition de manifester ce vendredi après-midi. L'opposition entendait protester contre l'invalidation d'une liste nationale de candidats pour les législatives du 31 juillet. Elle avait prévenu qu'elle passerait outre à l'interdiction.

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Trois figures de l'opposition ont également été arrêtées, a indiqué le porte-parole du parti Pastef, Ousseynou Ly. Le leader de l'opposition, Ousmane Sonko, et le maire de Dakar, Barthélémy Dias, autre ardent pourfendeur du président Macky Sall, ont été empêchés de sortir de chez eux par les forces de sécurité.

Manifestants refoulés

Des pelotons de policiers en tenue antiémeute, soutenus par des véhicules blindés, ont empêché quiconque d'approcher la place de la Nation où devait se dérouler le rassemblement, à l'écart du centre politique et économique de la capitale. Les policiers ont refoulé vers les rues adjacentes de petits groupes mobiles qui les harcelaient à coups de pierres.

«Ce n’est vraiment pas bon pour les affaires", se lamentait Bilan Diop, 32 ans, appuyé sur un garde-corps le long de la vaste avenue jonchée de cailloux menant à l'esplanade désertée de la Nation. "Regardez mon magasin, il est fermé, tous les magasins sont fermés alors qu'on approche de la Tabaski", la fête musulmane du Sacrifice, propice au commerce.

"Pour l'instant, ça a l'air sous contrôle. Mais ce qui va se passer après, on n'en sait rien", s'inquiétait Bamba Diop, 30 ans, qui gagne sa vie en louant des places de parking.

Des troubles ont été rapportés dans d'autres quartiers de la capitale et plusieurs médias ont aussi fait état de violences en Casamance (sud), à Ziguinchor.

Arrestations et assignation à résidence

Dès la matinée, les policiers ont fait le siège autour de chez Ousmane Sonko, dans le quartier cossu de Mermoz, résolus à l'empêcher de mettre à exécution son intention proclamée de défier l'interdiction de manifester. À la mi-journée, ils l'ont empêché de se rendre à la grande prière hebdomadaire.

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