Sur des braises… [Opinion du Contributeur]

Même si le président de la République se montre relax au sommet du G7 en Allemagne, il doit quand même prendre un peu de son précieux temps pour cogiter sur la situation du Sénégal où une tension permanente règne. La journée d'hier était un jour de procès. Un de ces moments qu'on n’aimerait pas voir en démocratie. L’arrestation et l’emprisonnement de leaders politiques, de députés pour « cause de manifestation » « intention de manifestation », précisent certains, est une maldonne dans une république digne de ce nom.

Déthié Fall, Mame Diarra Fam, Ahmet Aïdara, Amadou Bâ, Adama Diawara ne devaient pas passer une seule seconde en prison. C’est une reculade démocratique remarquable pour un pays qui a toujours montré l’exemple. Aujourd’hui, c’est comme si la lutte acharnée menée par beaucoup de Sénégalais au prix de leur vie et de leurs carrières, est vaine. Après le 23 juin 2011 qui a vu une monstre mobilisation du peuple contre un quart bloquant qui allait tuer à jamais notre État de droit, après deux alternances réussies et des résolutions fermes, nombreux sont ceux qui pensaient que « rien ne sera plus comme avant ». Il nous arrive pire qu’avant.

Ces arrestations avec une légèreté déconcertante n’augurent rien de bon. Elles ne peuvent que pousser les victimes à la radicalisation et braquer une bonne partie des citoyens contre des gouvernants qu’ils accusent à juste titre de faire de la justice une arme pour solder des comptes. Une sorte de folie, de passion orageuse qui dévaste tout sur son passage. Le capital crédit de notre justice était largement entamé. Il s’effondre de plus en plus.

« Après avoir acheté de la marchandise à Sandaga, j’ai pris un taxi en covoiturage avec trois autres personnes commerçantes comme moi. Au rond point Médina, une voiture de police a arrêté le taxi, les policiers nous ont demandé de descendre, ensuite nous sommes amenés au commissariat et mis sous mandat de dépôt.» Récit glaçant de notre vécu actuel rapporté par un confrère de Jotna Média. Ce pays va mal…