Il avait certes un parcours digne d'un « guerrier de la connaissance ». De saintes connaissances acquises au prix de sacrifices multiples, de don de soi et d’abnégation. Il était doté d'un sens aigu de la solidarité épousant ainsi tous les contours d'un vrai imamat.
Si la mort d'Imam Alioune Badara Ndao est durement ressentie, c’est que l’homme avait fini par s’imposer malgré lui dans le paysage médiatique sénégalais.
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Éducateur hors pair, il a formé des hommes avec peu de moyens, dans des conditions peu évidentes. Il a su inculquer du savoir à des enfants venus de loin. Plus de 500 élèves pensionnaires d’une école aux conditions de vie si précaires. Illustration d’un état d’esprit d’indifférent aux basses choses. Il était un passeur. Un homme qui ne voulait pas se contenter de la facilité de la vie. Il avait une conception noble de cette vie si vaine.
Son arrestation en 2015 l’a révélé au grand public. Les accusations à son encontre ont été particulièrement lourdes. Lui et beaucoup de ses compagnons ont été soupçonnés d'avoir cherché à créer un réseau djihadiste, en lien avec Boko Haram. Il a décrit par une bonne partie de la presse comme un diable qui voulait semer le désordre, cultiver la haine et faire couler du sang et des larmes partout au Sénégal.
À l’image des fous de Dieu qui font feu de tout bois dans le Sahel et ailleurs dans le monde. Après près de trois ans d’emprisonnement, après des sévices de toutes sortes infligés dans plusieurs lieux d’incarcération au Sénégal, il a été relaxé en 2018.
Le juge a donc mis à côté les accusations d’« apologie du terrorisme », d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et de « blanchiment de capitaux ». L’imam n’avait donc rien fait de mal. Son seul tort a été d’être entré en contact avec des hommes peu recommandables.
Un grand soulagement pour lui et pour tous ceux qui étaient convaincus de son innocence. Il a pris cette épreuve avec beaucoup de philosophie tout en continuant de dénoncer les drames sociétaux, ses propres drames. Ce grand combattant pour les causes sociales, est mort en héros, dans la plus grande dignité dans un monde et un pays tourmentés.