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La violence est l'arme des faibles, dit-on.
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Certains en usent et en abusent pour solder des comptes. D'autres qui ne veulent pas chercher loin, l'utilisent comme ils l'entendent. Elle peut aussi être le dernier recours des bannis, des faibles devant les plus forts. La violence sous toutes ses formes est destructrice. Celle physique comme celle symbolique. Elle peut être psychologique. Dans nos sociétés, au Sénégal, la violence est omniprésente. Toutes sortes de violences. Celle qui se déverse dans nos rues, au stade Galandou Diouf de Rufisque lundi, celle qui s'est déversée à l'arène nationale dimanche est-elle l'arme des pauvres en déperdition ? Il serait simpliste de répondre par l'affirmative mais il est évident que les jeunes qui sont aux avant-postes des manifestations violentes constituent, en grande partie, cette "immense force inemployée".
Des jeunes sans emploi, sans une éducation de base, sans études, sans formation, sans aucune perspective, représentent une proie facile aux dérives. Ils s’enfoncent dans les bêtises. Certains se suicident en mer embarqués dans des bateaux de fortune. Au-delà de l'échec des politiques d'emploi des différents régimes qui se sont succédé au Sénégal, on note une déconvenue d'une société qui se cherche et se perd dans ses propres contradictions. L'oisiveté est la mère de tous les vices. Le vice de la violence est très accessible.
Les dégâts de la cruauté sont difficilement réparables. Comment faire pour stopper le mal qui nous consume, qui tue et blesse ? Certes, la répression est nécessaire à bien des égards. Certes, il faudrait corriger et punir les fautifs. Certes, il faut un Etat fort pour faire face. Mais la douleur est si profonde qu'il faut aller au-delà des mesures coercitives. Il faut prendre en charge la frange jeune notamment, se pencher résolument sur leurs préoccupations vitales, sensibiliser, guider, essayer de comprendre. C'est un travail de longue haleine qui exige de la rigueur, qui bannit l'esprit partisan. Nous sommes tous concernés.