Si des mesures urgentes en matière d'adaptation ne sont pas mises en place, 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à travers la sous-région d’ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique.
C'est un rapport sur le climat et le développement (CCDR), publié par le Groupe de la Banque mondiale pour les pays du Sahel en 2022, qui a fait cette révélation.
Le rapport présage d’une situation alarmante pour les 5 pays que compose le G5 Sahel à savoir le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger tous situés dans la région du Sahel.
Le document annonce que « 13,5 millions de personnes supplémentaires basculeront dans la pauvreté, respectivement. L’accroissement du taux de pauvreté augmente au cours de la période de projection et varie selon les pays, le Niger et le Tchad devant connaître les augmentations les plus importantes. »
En effet, alors que la région en question se relève difficilement des impacts économiques de la pandémie de COVID-19, elle se trouve encore aux prises de plusieurs autres crises notamment l’instabilité politique accrue, l’insécurité grandissante et l’insécurité alimentaire croissante aggravée par la hausse des prix mondiaux des carburants et des denrées alimentaires en raison de la guerre en Ukraine.
« Le nombre croissant de chocs climatiques à intervalles réguliers entraîne d’importantes pertes de production, entraîne une baisse de l’accumulation de capital et conduit à des points de basculement écologiques et économiques potentiellement dévastateurs dans la région », explique le rapport.
Une hausse des températures 1,5 fois supérieure à la moyenne annoncée
Des sept pays fortement affectés par les effets néfastes des changements climatiques dans le monde, le Sahel compte à lui seul trois pays. Ces pays sont assez souvent sensibles aux sécheresses extrêmes, aux inondations, aux vagues de chaleur, à la dégradation des sols et à la désertification.
Pourtant, ils ne semblent pas au bout de leur peine selon les prévisions du GIEC qui affirment qu’ils devraient encore connaître une augmentation des températures 1,5 fois supérieure à la moyenne mondiale.
« La plupart des scénarios climatiques montrent que les températures au Sahel augmenteront d’au moins 2º C à court terme (2021 — 2040). », précise le rapport du Groupe de la Banque Mondiale.
Les effets de ces changements climatiques vont considérablement affecter l’état de l’économie et plus particulièrement les six canaux modélisés que sont la baisse des rendements des cultures pluviales, des rendements du bétail, baisse de la productivité du travail liée aux fortes chaleurs, baisse de la productivité liée à la détérioration de la santé humaine, dommages causés par les inondations et dommages occasionnés aux routes et aux ponts.
Lors de la cérémonie d'ouverture de l'atelier de consultation nationale sur les besoins en renforcement des capacités d'adaptation dans le cadre du projet de mise en œuvre des priorités régionales et nationales d'adaptation en Afrique centrale et de l'ouest (PACO), le conseiller technique N°1 du ministre de l'Environnement et de la Transition écologique, Colonel Pape A. Ndour, a laissé entendre que le changement climatique est une réalité indéniable car il est au centre des enjeux économiques, politiques et environnementaux.
Les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations, d'après lui, sont de plus en plus fréquentes et intenses, mettant en péril la stabilité économique et accentuant, par voie de conséquence, la vulnérabilité des communautés du monde.