Un diabète déjà décrit mais longtemps ignoré
Depuis les années 1950, des médecins observaient des jeunes adultes très minces développant un diabète atypique, sans obésité ni auto-anticorps comme dans le type 1. L’OMS avait même classé en 1985 un « diabète lié à la malnutrition », avant de supprimer cette catégorie en 1999, faute de preuves solides.
L’étude qui relance la reconnaissance
En janvier 2025, un consensus international s’est tenu en Inde (Déclaration de Vellore). Publié dans The Lancet Global Health et soutenu par la Fédération internationale du diabète (FID), il décrit un diabète distinct : déficit sévère de sécrétion d’insuline, sensibilité normale à l’insuline, absence d’acidocétose et pas d’autoanticorps. Ce diabète apparaît chez des sujets jeunes (moins de 30 ans), avec un IMC inférieur à 18,5, souvent marqués par la sous-nutrition durant l’enfance.
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Exemple concret : l’histoire d’Aïcha
Aïcha, 19 ans, vivant en zone rurale, a souffert de malnutrition chronique durant l’enfance. Malgré sa minceur persistante, elle développe une hyperglycémie sévère. Faute de surpoids, elle n’entre pas dans les schémas classiques du diabète de type 2. Les médecins écartent aussi le type 1, car elle ne présente aucun auto-anticorps. Son profil illustre ce « type 5 » : un diabète lié aux carences précoces, mal pris en charge faute de diagnostic spécifique.
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Comprendre le diabète de type 5
Cette forme se distingue par :
un BMI < 18,5 ;
une sécrétion d’insuline très faible (C-peptide bas) ;
une résistance à l’acidocétose ;
et l’absence de signes d’insulinorésistance comme l’acanthosis nigricans.
Les conséquences sont graves si non traitées : infections à répétition, complications rénales, neuropathies, infarctus ou AVC, comme dans les autres diabètes.
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Quelles implications ?
Les experts de la FID estiment qu’environ 25 millions de personnes seraient concernées, principalement en Afrique, Asie et Amérique latine. Le traitement reste mal défini : l’insuline expose à l’hypoglycémie dans ces contextes de précarité alimentaire, et la metformine peut aggraver la perte de poids. La clé réside aussi dans la nutrition, avec un meilleur accès à des aliments riches en protéines et micronutriments. Pour les chercheurs, reconnaître le type 5 doit permettre de développer des recommandations adaptées, en parallèle des programmes de lutte contre la pauvreté et la faim. Pas exactement : la perte de poids n’est pas indiquée, et les traitements standards (metformine, insuline) sont parfois inadaptés. La prise en charge repose aussi sur la nutrition et des médicaments oraux.
SOURCE : PasseportSanté