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Mame Boye Diao : "le ministre m'a demandé d'exécuter et j'ai exécuté"

Le nom de Mame Boye Diao a été plusieurs fois cité dans l'affaire de l'assiette foncière du tribunal de Guédiawaye. L'ex DG des Domaines livre sa part de vérité et mouille sa tutelle.
Mame boye Diao
Mame boye Diao

Prenant part au panel organisé hier jeudi 1 Mai 2925, par le Syndicat autonome des agents des Impôts et Domaines (SAID), Mame Boye Diao est revenu sur son passage à la direction générale des Domaines, source de ses auditions par la DIC dans l’affaire foncière du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Il explique, dans des propos repris par L'OBS : « Avant de quitter la Dgid, j’étais à 23 ans de carrière où j’ai occupé plusieurs services. Grâce à Allah, j’avais une très bonne et riche carrière. Mais, les trois années que j’ai passées aux Domaines constituent un cauchemar pour moi. Ils sont très peu les agents des Domaines qui finissent leur carrière sans être convoqués à la Gendarmerie. Il faut poser ce problème avec la Dgid et l’administration pour qu’au moins, les agents actifs soient protégés. Cependant, le problème dans la Dgid, c’est le décisionnaire et non le praticien. Parce que nous avons des hommes politiques qui, quand ils sont à la quête du pouvoir, promettent monts et merveilles surtout pour ce qui concerne les questions foncières."

Il ajoute : "Ces mêmes hommes politiques, quand ils deviennent président de la République, vous disent que 90% des problèmes qui leur sont soumis en réunion de sécurité sont des questions foncières. Ces mêmes hommes politiques créent une commission nationale de réformes foncières qui réfléchit sur tous ces problèmes et à la fin, ils n’exécutent rien du tout. Ça c’est la démagogie du décisionnaire. Aujourd’hui, tout ce qui se passe dans la politique foncière du pays est de la responsabilité du décisionnaire. Nous avons les hommes qu’il faut, les diplômes qu’il faut, les ressources qu’il faut pour produire les textes qu’il faut, mais ils ne veulent pas les appliquer."

"Un jour, Bassirou Diomaye Faye est venu dans mon bureau, très en colère, et m’a dit..."

Lire plus : https://www.pulse.sn/articles/news/foncier-du-tribnal-de-guediawaye-ce-que-mame-boye-diao-a-dit-a-la-dic-2025042908533126899

Il rembobine : "Ils veulent rester dans cette situation du désordre et après s’adapter à ce qu’ils veulent. Et les mêmes causes vont produire les mêmes effets. Donc tant que le décisionnaire n’osera pas dire - je vais faire les réformes qu’il faut – on restera toujours dans cette situation. Au niveau de la Dgid, nous avons les ressources humaines pour faire les réformes qu’il faut, mais nous ne sommes pas encore prêts à rompre avec ce qui se passe. Au niveau du syndicat, il faut réfléchir à cela et faire accepter aux décisionnaires qu’il faut résolument qu’on vous donne un chemin clair. Moi, je vous explique et c’est pour faire une digression par rapport à ce qui m’est arrivé dernièrement."

Il s'interroge : "Comment voulez-vous que mon ministre de tutelle me demande de mettre une assiette de 2 ha pour une telle institution et après, ils viennent me demander où sont passés les restes." Avant d'ajouter : "C’est le ministre qui me demande d’exécuter et j’ai exécuté. C’est le ministre ou le Président qui te dit fais ça, mais j’exécute. Un jour, l’actuel président de la République, Bassirou Diomaye Faye est venu dans mon bureau, très en colère, et m’a dit : si vous résiliez les terrains du SAID de Guédiawaye, ce sera une grève illimitée. Je lui ai répondu : c’est un rapport de forces, le ministre m’a écrit une lettre pour me dire de résilier et je vais résilier, il faut agir la force du syndicat. Et c’est le même ministre qui m’avait demandé de résilier qui revient me dire pour des questions d’habitat social, de logement, il faut rétablir le SAID."

"Vous voyez comment c’est incohérent. Voilà ce que nous vivons aux Domaines. Il faut donc oser prendre le taureau par les cornes et poser les grands problèmes aux décisionnaires. A partir de là, s’ils veulent changer les choses, ils les changeront. S’ils ne veulent pas, on restera dans les mêmes travers avec la même caricature. L’autre problème c’est l’indépendance des agents des Domaines. Il faut cette indépendance des agents pour corriger les incohérences", conclut-il.

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