En l’espace d’une semaine, le Sénégal a été frappé par plusieurs crimes d’une violence inouïe contre des femmes. Fatou Guèye, tuée par son époux maçon, et Marie-Louise Ndour, abattue par balle par son mari après une simple dispute conjugale dans la région de Fatick, ne sont que les derniers noms ajoutés à une liste macabre qui ne cesse de s’allonger. Des meurtres qui n’ont pas tardé à faire réagir les associations féministes et féminines du Sénégal. Elles ont prévu un sit-in ce samedi 31 mai 2025 au terrain Sacré-Cœur à 11h.
Cette manifestation vise à dénoncer les féminicides au Sénégal. « Chaque année, des femmes sont assassinées par leurs conjoints, compagnons, proches, souvent dans un silence institutionnel glaçant », fustigent les organisations féministes et féminines. Ces dernières exigent une loi spécifique contre les féminicides, une prise en charge immédiate des femmes en danger ainsi que des politiques publiques de prévention et de protection.
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Une femme est tuée par un proche toutes les 10 mn dans le monde
Selon les chiffres de l’ONU, 85 000 femmes ont été tuées de manière intentionnelle en 2023. Le foyer reste « l’endroit le plus dangereux » pour elles, puisque 60 % ont été tuées par « leur conjoint ou d’autres membres de leur famille ». Sur le continent américain et en Europe, les féminicides sont majoritairement perpétrés par le conjoint ou l’ex-conjoint, tandis que dans le reste du monde, ce sont des membres de la famille qui sont le plus souvent en cause. Selon les chiffres de l’ONU, les Caraïbes, l’Amérique centrale et l’Afrique sont les régions où sont enregistrés le plus de ces crimes, devant l’Asie. Dans les régions où il est possible d’établir une tendance, le taux de féminicides a stagné ou décliné seulement légèrement depuis 2010, démontrant que cette forme de violence « est enracinée dans les pratiques et normes » et est difficile à éradiquer, note l’ONUDC, qui a analysé les chiffres recueillis dans 107 pays.
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Au Sénégal, 21 cas de féminicides ont été répertoriés entre 2019 et 2022, rapporte le Collectif des féministes du Sénégal qui était en atelier à Saint-Louis dans le cadre du Forum exclusivement féminin (FEF). Avec un taux d’homicides conjugaux/familiaux de 3,1 pour 100 000 femmes, l’Afrique est la région où les femmes ont le plus de risques de se faire tuer par un partenaire intime ou un membre de la famille. Et le bonnet d’âne revient au Sénégal qui est considéré comme le pays le plus dangereux pour les femmes avec un taux de 87% de victimes, selon le rapport d'ONU Femmes.
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Diourbel, la région la plus féminicide
Selon Maimouna Astou Yade, directrice de Jigeen Sénégal « le taux de prévalence des violences faites aux femmes et filles avoisine les 60% et varie d’une région à une autre. La région de Diourbel vient en tête avec 80% de femmes victimes de violences. Dakar 55% et Saint-Louis 45% », a pesté Maimouna Astou Yade.