Touba : un commerçant tue un cambrioleur et passe deux ans en détention avant d’être libéré

À Touba, l’affaire a suscité de nombreux débats sur la légitime défense et l’usage des armes à feu. Dans la nuit du 3 au 4 mars 2023, les éléments du commissariat spécial sont alertés par les sapeurs-pompiers de la découverte d’un corps sans vie dans le magasin du commerçant C. Sylla. Sur place, les policiers trouvent le cadavre d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, étendu dans une mare de sang, atteint à la poitrine par une balle de fusil. Interrogé, C. Sylla raconte avoir été réveillé vers 3 heures par des bruits suspects.

Des malfaiteurs, affirme-t-il, venaient de défoncer la porte de son commerce. Craignant pour ses biens, il dit avoir saisi un fusil hérité de son défunt père une arme qu’il détenait sans autorisation et avoir tiré en direction des intrus. Constatant qu’il avait mortellement touché l’un d’eux, il a immédiatement alerté les secours avant de prendre la fuite par peur d’être poursuivi pour détention illégale d’arme. Arrêté puis placé en détention préventive, il est attrait devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Diourbel. À la barre, le commerçant maintient sa version des faits : il affirme avoir agi pour défendre son commerce d’une intrusion violente. L’avocat général requiert alors vingt ans de réclusion criminelle à son encontre.

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En défense, son avocat, Me Serigne Diongue, plaide la légitime défense. « Mon client n’a rien fait d’autre que protéger son bien au péril de sa vie », argue-t-il, dénonçant une réquisition « disproportionnée » du parquet et l’absence de reconnaissance des circonstances atténuantes. Au terme des débats, la chambre criminelle décide de requalifier les faits. L’accusation de meurtre est abandonnée au profit de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, auxquels s’ajoute la détention illégale d’une arme de 5e catégorie. Pour l’ensemble de ces infractions, C. Sylla est condamné à deux ans de réclusion criminelle. Ayant déjà passé plus de deux ans en détention préventive, il quitte le tribunal libre.