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« Une lettre au vitriol : Robert Bourgi interpelle Diomaye Faye et Sonko »

Dans une lettre ouverte au président Bassirou Diomaye Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko, Robert Bourgi sonne l’alarme. L’avocat et conseiller politique, soutien de la première heure du régime, exprime ses inquiétudes sur la gouvernance actuelle, la situation économique, la justice et les dérives potentielles du nouveau pouvoir.

Dans une missive poignante rendue publique, Robert Bourgi, avocat franco-sénégalais et figure influente des cercles diplomatiques africains, s’adresse directement au président Bassirou Diomaye Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko. Avec une franchise rare, il exprime sa « peur » pour l’avenir du Sénégal, tout en rappelant son engagement auprès des nouveaux dirigeants bien avant leur accession au pouvoir. « Je vous parle aujourd’hui avec le cœur lourd… et l’esprit libre », écrit-il d’entrée de jeu.

Dans cette lettre rédigée sur un ton grave, Robert Bourgi insiste : « Je suis loyal, mais ma liberté n’a pas de prix. Et quand il faut dire la vérité, je la dis, sans trembler. »

« Une lettre au vitriol : Robert Bourgi interpelle Diomaye Faye et Sonko »

Un soutien critique et assumé

L’auteur de la lettre affirme avoir soutenu le camp de Pastef « quand beaucoup se taisaient ou regardaient ailleurs », y compris dans les moments les plus sombres, lors de l’arrestation et la détention d’Ousmane Sonko. Mais cet engagement ne l’empêche pas d’exprimer de sérieuses réserves. Il rappelle par exemple avoir reproché à Sonko ses propos incendiaires à l’égard de l’ancien président Macky Sall : « J’ai su dire à Ousmane Sonko qu’on ne menace pas un président, fût-il Macky Sall, d’un ‘sort à la Samuel Doe’. Ce n’est pas digne », tranche-t-il. Bourgi évoque également les risques personnels encourus à l’époque : « J’ai failli perdre l’amitié de Macky Sall quand ses services lui ont rapporté que j’invitais au Lagon des membres de Pastef. »

« Une lettre au vitriol : Robert Bourgi interpelle Diomaye Faye et Sonko »

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Des inquiétudes profondes pour le pays

« J’ai peur. J’ai peur pour mon pays. J’ai peur pour le Sénégal », martèle-t-il. Robert Bourgi ne cache pas son pessimisme face à l’état du pays. Il décrit une gouvernance hésitante, une économie fragile, une perte de confiance des partenaires internationaux, et une justice qu’il juge désormais au service d’un projet politique. Il s’inquiète en particulier de l’opacité de certains financements extérieurs : « Qui peut garantir qu’ils ne sont pas liés à des circuits obscurs, à la drogue, au terrorisme ou au blanchiment d’argent ? »

« Une lettre au vitriol : Robert Bourgi interpelle Diomaye Faye et Sonko »

Justice, économie, diplomatie : des dérives à corriger

La lettre soulève aussi la question de l’indépendance de la justice. Bourgi s’alarme de ce qu’il qualifie de « justice à sens unique », et appelle à faire la lumière sur les morts liés aux violences politiques : « Nous avons connu plus de 80 morts. Les responsables doivent être sanctionnés dès l’abrogation de la loi d’amnistie de mars 2024. Osons le faire ! » Concernant les récentes arrestations d’anciens dignitaires du régime de Macky Sall, il pose une question simple mais lourde de sens : « Sophie Gladima, Mansour Faye, Farba Ngom… Pourquoi sont-ils en prison ? Quelles sont les charges ? »

Il tire également la sonnette d’alarme sur la gestion du Port autonome de Dakar, dénonçant des licenciements massifs et une fiscalité étouffante, ainsi que sur la diplomatie sénégalaise, selon lui en perte de vitesse.

« Une lettre au vitriol : Robert Bourgi interpelle Diomaye Faye et Sonko »

Un appel à la responsabilité historique

Pour finir , Robert Bourgi adresse un message solennel aux dirigeants actuels : « Ne laissez pas le Sénégal se fracturer. (…) L’heure viendra où vous serez jugés. Pas par vos partisans. Mais par l’Histoire. » Il dit n’attendre « rien des nouvelles autorités », mais livre un avertissement lucide : « Depuis que le commerce existe entre les hommes, un pauvre n’a jamais fait vivre un pauvre. Un riche fait vivre les pauvres et crée des emplois. »

Par cette lettre, Robert Bourgi s’inscrit en contrepoids d’un pouvoir qu’il a autrefois soutenu, mais qu’il refuse de suivre les yeux fermés. Un geste fort, dans un contexte politique sénégalais encore instable et hautement scruté.

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