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Le FMI prédit un retour des émeutes de la faim en Afrique

On Monday, South Sudan declared famine in some regions, saying 100,000 people faced starvation and another million were on the brink of famine
On Monday, South Sudan declared famine in some regions, saying 100,000 people faced starvation and another million were on the brink of famine
Après la Banque mondiale et la Fao, le FMI annonce un avenir difficile pour l'Afrique.
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Les graines de nouvelles "émeutes de la faim" sont-elles plantées en Afrique sub-saharienne ? Un peu tôt pour le dire, mais la flambée des prix alimentaires fait craindre au Fonds monétaire international des "troubles sociaux" sur le continent, a alerté, hier jeudi, le Fonds monétaire international, quatorze ans après les "émeutes de la faim".

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"Les craintes à l'égard de la sécurité alimentaire se sont nettement accentuées" avec la guerre en Ukraine et l'explosion des prix des denrées alimentaires, accroissant "les risques de troubles sociaux" au sein des pays vulnérables, a alerté, jeudi 28 avril, l'institution de Washington dans un rapport régional.

South Sudan is suffering the world's first famine in six years, after Somalia in 2011 where an estimated 260,000 people died
Le Soudan du Sud souffre de la première famine au monde en six ans, après la Somalie en 2011 où environ 260 000 personnes sont mortes

"Nous sommes très inquiets de la récente flambée des prix des aliments et du carburant" sur le continent, a commenté auprès de l'AFP le directeur du département Afrique au FMI, Abebe Aemro Selassie, relevant des risques de "protestations sociales".

"Ce choc frappe de manière extrêmement ciblée les plus pauvres, en faisant augmenter les prix alimentaires, ceux des carburants et du transport en général, et au bout de la chaîne les producteurs de biens et services qui rehaussent leurs prix", a-t-il poursuivi.

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La flambée des prix des denrées alimentaires est sans précédent : ils ont atteint un nouveau record en mars et effacé le précédent plus haut de 2011, selon l'indice de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui inclut les tarifs des huiles végétales, des céréales ou des produits laitiers.

A elle deux, la Russie et l'Ukraine comptent 56,8% -la Russie avec 50,8%- des importations de blé, utilisé pour la production du pain au Sénégal
A elle deux, la Russie et l'Ukraine comptent 56,8% -la Russie avec 50,8%- des importations de blé, utilisé pour la production du pain au Sénégal

Le blé importé à 85 %

La progression des prix du blé est "particulièrement préoccupante", écrit le FMI dans son rapport intitulé "un nouveau choc et une faible marge de manœuvre". Car l'Afrique sub-saharienne importe 85 % de sa consommation de la céréale, avec des montants particulièrement élevés en Tanzanie, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, et au Mozambique.

Plus largement, les importations de blé, riz et de maïs représentent plus de 40 % des calories consommées chaque jour par les habitants du Botswana, du Lesotho, de Maurice et du Cap Vert, détaille un graphique de l'organisation internationale, qui voit parmi les pays les plus fragilisés par l'insécurité alimentaire Madagascar, la République démocratique du Congo et les Etats autour du Sahel.

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Deux mois après le début de la guerre en Ukraine et alors que le conflit ne montre pas de signe d'accalmie, "la hausse des prix des denrées alimentaires exacerbera l'insécurité alimentaire et les tensions sociales", craint le FMI.

C'est justement une forte augmentation des prix des aliments de base qui avait précédé les "émeutes de la faim" de 2008, des mouvements de protestations plus ou moins violents dans une trentaine de pays, notamment au Sénégal et au Cameroun, ainsi qu'au Maghreb et dans les Caraïbes.

Famine in South Sudan
Famine in South Sudan

Faut-il craindre un acte 2 ?

Le FMI reste prudent quant à de potentielles révoltes violentes. Le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, a pour sa part dressé en avril un parallèle entre l'explosion de 2008 et la situation actuelle : les deux crises sont marquées par une flambée des prix alimentaires, des carburants, des engrais, ainsi que des transports, a-t-il affirmé.

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La situation est même potentiellement plus problématique cette fois, avait-il ajouté, en raison de deux années de pandémie et des risques majeurs que fait peser la guerre en Ukraine sur les récoltes de l'an prochain.

La pandémie a fait augmenter le nombre de personnes sous alimentées à un quart de la population sub-saharienne en 2021, calcule le FMI. 

Millions of Kenyans suffer from drought and famine.
Des millions de Kenyans souffrent de la sécheresse et de la famine.

Une redite de 2008 "peut être évitée", a toutefois estimé Qu Dongyu, évoquant la nécessité de ne pas voir s'accélérer les restrictions à l'export sur les aliments. 

Le FMI s'inquiète aussi quant aux capacités budgétaires des Etats, dans une région dont la croissance économique devrait ralentir cette année à 3,8 % : "bien plus de pays d'Afrique sub-saharienne étaient en meilleure santé budgétaire en 2008-2009 pour absorber le choc", signale Abebe Aemro Selassien.

"Cette fois, avec des dettes publiques aussi élevées dans autant de pays, les marges de manœuvre sont fortement diminuées", selon le directeur Afrique qui appelle la communauté internationale à soutenir la région "de la manière la plus énergique possible".

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