Les premières fouilles archéologiques menées sur le site du cimetière militaire dee Thiaroye ont livré des découvertes bouleversantes. Elles remettent en cause les récits officiels. Sur les sept individus exhumés, les chercheurs ont retrouvé des corps enchaînés, mutilés, enterrés dans la précipitation… autant de signes d’une violence extrême et d’inhumations anormales.
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L’individu 2 trouvé les pieds enchaînés, l’individu 3 retrouvé sans crâne, un autre avait perdu la moitié du bassin
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Les tombes visibles seraient postérieures aux sépultures réelles, et les squelettes retrouvés ne se situent pas à l’intérieur des carrés funéraires, mais parfois à l’extérieur, dans des positions incohérentes. «Dans certains cas, la tête se trouve à l’opposé de la stèle. Cela montre que les inhumations n’ont pas suivi une logique funéraire normale, mais plutôt des pratiques liées à des enterrements de crise, voire à des dissimulations.», explique l’archéologue. Les premières fouilles archéologiques menées sur le site du cimetière de Thiaroye ont livré des découvertes bouleversantes.
Les archéologues ont mis au jour les restes de sept individus, répartis sur trois rangées, dont les caractéristiques diffèrent les unes des autres. Avec pourtant une seule ressemblance : les vestiges présentent tous des signes manifestes de violence. Dans la première rangée, les trois individus exhumés mesuraient environ 1,80m. Ils portaient encore leurs manteaux et même leurs chaussures, ce qui laisse penser qu’ils ont été ensevelis sans préparation ni dépouillement.
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«L’un d’eux, identifié comme "l’individu 2", présentait les traces les plus marquantes. Ses pieds étaient enchaînés, les fers encore visibles au niveau du tibia», dit l’archéologue. Les chercheurs ont relevé des marques évidentes de torture. «À côté de lui, "l’individu 3" avait été retrouvé sans crâne, confirmant la brutalité extrême des mises à mort. Aucun des trois ne semblait être un civil, un détail qui vient renforcer l’hypothèse selon laquelle il s’agissait bien de tirailleurs», confie Moustapha Sall. Dans la seconde rangée, trois autres corps ont été découverts.
«Ceux-ci reposaient dans des coffrages en bois, mais tous portaient des atteintes physiques sévères. Le premier, la bouche ouverte, était dépourvu de côtes sur tout le côté gauche. Le second, lui, avait perdu la moitié du bassin. Le troisième présentait les mêmes dégâts structurels, laissant entrevoir des violences d’une rare intensité», relate encore l’archéologue. Enfin, dans la troisième rangée, un individu a été retrouvé avec la tête orientée à l’opposé de la stèle, comme si le corps avait été déposé dans la précipitation. «Sa sépulture, vide à l’intérieur, laisse planer de nombreuses questions sur la manière dont ces inhumations ont été réalisées», confie-t-on dans le rapport.