Interdiction de l’importation de pneus d’occasion : des commerçants se rebiffent

Le drame de Sikilo dans la région de Kaffrine, imputé à l’éclatement d’un pneu, qui a fait près de 45 morts et une centaine de blessés, a fait réagir les autorités sénégalaises. Des mesures ont été prises parmi lesquelles l'interdiction de vente de pneus importés. Une décision qui n'est pas approuvée par de nombreux commerçants.

Modou Gueye est un vulcanisateur et revendeur de pneus usagés (image d'illustration)

Au détour d'une ruelle à proximité de la Gare du Train Express Régional (TER), un groupe d'affairistes continue de vendre des pneus. Sous le sceau de l'anonymat, un monsieur accepte d'échanger sur le sujet. Il explique qu'il vend des pneus d'occasion, mais que ce commerce n'a jamais cessé chez ses collègues malgré les mesures d'interdiction prises par l'État.

À savoir que si c'est un marché noir, une question à laquelle il n'a pas voulu se prononcer : « Il faut savoir que nous sommes tous des pères de famille et des soutiens de familles. On ne peut se lever un beau jour et abandonner nos activités économiques. Les autorités ne nous respectent pas, car ils auront pu nous consulter pour trouver ensemble une solution. »

À quelques encablures de là, Moussa Fall, la cinquantaine révolue, s'active dans la vente de pneus depuis près de 12 ans. Il révèle qu'il vend toutes sortes de pneus et ne s'en cache pas. Comme notre premier interlocuteur, le cinquantenaire fait savoir qu'il a une clientèle diversifiée. Le sieur Fall explique que ces mesures ne sont pas en phase avec nos réalités économiques.

Une mise en péril l'activité économique des acteurs

« Les prix varient selon l'état des pneus. Un seul peut coûter jusqu'à 50 000 FCFA ou 60 000. On peut se procurer un pneu d’occasion à 10 000 ou 12 000 FCFA. Pour un débrouillard, ce serait très difficile de s'acheter un neuf. Nous voulons aussi gagner quelque chose, car nous importons nos produits », a-t-il dit.

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La mesure d'interdiction de l'importation des pneus usagés ou d'occasion passe mal chez les commerçants et vulcanisateurs. Ils dénoncent une décision mettant en péril leur activité.

« Nos pneus viennent d'Europe ou d'Asie et nous payons très cher les taxes douanières au Port de Dakar. L'argent va en plus dans les caisses de l'État. Ce que les autorités doivent comprendre, c'est que ce sont des centaines de milliers de personnes qui vivent de cette activité », a noté Modou Diop, vulcanisateur et commerçant trouvé vers le rond-point Sam.

À l'unanimité, les acteurs de l'écosystème pneumatique indexent la responsabilité de l'État. Moussa Fall note qu'il n'y a pas de rigueur dans le contrôle à l'arrivée : « Nous faisons un tri et une sélection minutieuse pour vendre les pneus de meilleure qualité ».

D’après les premiers éléments de l’enquête sur l’accident de Kaffrine, l’éclatement d’un pneu serait à l’origine du drame. C’est en effet l’une des causes récurrentes des accidents de la route au Sénégal. La majorité des pneus dits neufs ne seraient en réalité pas homologués.

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