Au Sénégal, le blé fait partie des denrées de première nécessité. Les autorités en importent 800.000 tonnes par an pour satisfaire à la demande nationale en termes de production de pain et autres viennoiseries. C’est pour réduire drastiquement cette facture qu’elles ont décidé, depuis quelques mois, d’expérimenter des champs de blé dans certaines localités du pays. Ces responsables affichent une mine optimiste à l’approche des récoltes dans la région de Dakar où le climat froid, en cette période, est favorable à la culture du blé.
En effet, cette variété pousse plus facilement dans des zones froides, avec des températures n’excédant pas les 20 et 25 degrés, explique le directeur régional du Développement rural (DRDR) de Dakar, Oumar Mbengue. C’est pourquoi des pays comme l’Ukraine et la Russie comptent parmi les premiers producteurs et exportateurs de blé dans le monde.
Toutefois, le conflit en cours depuis février 2022 continue de provoquer une crise alimentaire dans plusieurs pays à travers le monde. En juin 2022, l’ancien président sénégalais, Macky Sall, avait rencontré le dirigeant russe Vladimir Poutine pour négocier la libération des navires transportant des céréales ukrainiennes à destination de l’Afrique.
Face à ces conséquences, le ministère sénégalais de l’Agriculture travaille depuis l’année dernière sur un programme d’expérimentation de la culture du blé qui commence à porter ses fruits dans les départements de Rufisque et Keur Massar. « Nous avons du blé à maturité qui a fait maximum trois mois. Donc, cela confirme déjà que le Sénégal peut s’en sortir vraiment avec le blé que nous utilisons pour faire du pain. Aussi, nous avons sept minoteries qui importent de la farine de blé au niveau national », explique au quotidien Le Soleil le directeur régional du DRDR, au terme d’une visite effectuée samedi dernier dans des parcelles de production de blé dans lesdits départements de la région de Dakar.
Un banquier pour piloter la politique de souveraineté alimentaire
Il confirmé les propos du directeur général de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) du Sénégal tenus dans un entretien, en février dernier, avec l’Agence de presse sénégalaise. Momar Talla Seck soulignait que l’expérimentation de la culture du blé offrait des « résultats prometteurs » pour son pays. Celle-ci « a pu montrer que cette variété qui se cultive dans les pays tempérés peut bel et bien se cultiver au Sénégal. Nous parvenons bel et bien à cultiver le blé au Sénégal », indique-t-il, relevant que son pays dépense plus de 180 milliards de francs CFA par an pour importer du blé.
Aujourd’hui, l’expérimentation montre que la variété de blé Misr 1, venue d’Egypte et semée au mois de décembre passé, s’adapte bien à la région de Dakar, selon le directeur régional du Développement rural (DRDR) de Dakar. Il invite les producteurs à intégrer cette culture qui présente beaucoup d’avantages pour le Sénégal dont les nouveaux dirigeants ambitionnent de décrocher la souveraineté alimentaire avant la fin du premier mandat de cinq ans.
Pour arriver à ce résultat, Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars 2024 cinquième président de la République du pays, a nommé le banquier d’investissement et expert en développement international, Mabouba Diagne, au poste de ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage.
Ayant déjà fait ses preuves dans la ferme « Gade Gui », du nom du village de ses grands-parents, à Diourbel (centre), où il a investi beaucoup d’argent, ce dernier a multiplié les interviews ces derniers jours, indiquant que son pays pouvait atteindre ses objectifs d’émergence et offrir le plein-emploi à sa jeunesse à travers une bonne politique agricole.
« Nous comptons aussi sur l’appui du ministère de l’Agriculture pour élargir ce programme et cibler encore d’autres producteurs dans les régions comme Saint-Louis (nord), Thiès (ouest), Kolda (sud). Je suis sûr que ces régions peuvent vraiment jouer un grand rôle dans le cadre de cette production de blé au niveau national », a soutenu pour sa part Oumar Mbengue.