Pour un président, un président français de surcroît, une des plus grandes démocraties du monde, la réélection n'est pas évidente. En battant Marine Le Pen, dimanche 24 avril, il réédite le coup de 2007 et devient le premier président de la Ve République à être réélu. Depuis Jacques Chirac en 2002, une telle situation ne s’était jamais produite.
Emmanuel Macron a bien réussi son pari. Avec 58,54 % des voix, face à Marine Le Pen (41,46 %).
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La teneur de son « discours de victoire », cache difficilement un véritable soulagement. Car, même si les sondages montraient clairement que la France n’était pas prête pour élire un extrémiste, il y avait des doutes persistants quant à la réaction des indécis du premier tour. Au finish, la victoire a été nette. Une victoire à la Pyrrhus ? Sans doute. Elle a été obtenue « au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur ».
Il sera toutefois très osé de soutenir qu'elle équivaut quasiment à une défaite. Même si, il n’y a pas de gloire. Le victorieux semblait avoir le triomphe modeste. Avec une abstention de 28,01 %, des votes blancs représentant 6,35 % et 2,25 % de votes nuls, la légitimité d’Emmanuel Macron est très entamée. Il ne doit son salut qu’à un "front républicain" mis à rudes épreuves. Il lui faudra beaucoup d’énergie pour tenir et faire face aux secousses. C’est une affaire entre Français. La France ne s’est « trompée » comme l’Amérique s’était « Trumpée ». C’est tant mieux pour elle. Car, Macron si léger, si trompeur, est mille fois mieux que Marine Le Pen si haineuse, si vile, de si très mauvaise foi.
Vu d’Afrique, on choisirait le dirigeant sortant. Tout en étant conscient que lui aussi ne gère que les intérêts de son pays. Le sommet de Montpellier en octobre dernier, la discussion « franche et sincère » avec des jeunes et la Société civile africaine , les nombreux signaux, ne sont qu’une volonté de changer d’approche. Le fond reste entier : la pérennisation de l’exploitation outrancière de nos ressources, l’infantilisation d’une Afrique surtout celle francophone.